Business Challenge : « Nous sommes l’artisan de notre propre vie »


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Une femme dans un champ
Une femme dans un champ

Parler de discrimination c’est déjà la faire exister dans sa tête. Pour mieux comprendre son propre fonctionnement et dépasser des barrières psychologiques qu’on a nous-même placées, la société de coaching Business Challenge organise le 7 et le 8 avril prochain à Paris deux jours de séminaire pratique, avec la participation de Gaston Kelman et Jacob Desvarieux. Hervé d’Almeida, fondateur de la structure, nous explique les dessous d’une prise de conscience nécessaire pour un nouveau choix de vie.

Vous voulez trouver un travail qui corresponde mieux à votre désir, grandir socialement ou sortir d’une crise ? Avec une annonce aussi alléchante, vous vous dite sûrement qu’il s’agit encore là d’une proposition commerciale de marabouts de Château Rouge ou l’appât facile d’une secte obscure. Pas vraiment. En se basant sur les neuro-sciences, la sociologie, la psychologie et la programmation neuro linguistique, la structure Business Challenge propose un séminaire de deux jours, le 8 et le 9 avril prochain à Paris, sur le thème : « Identité, culture et diversité, ou comment rebondir avec nos différences culturelles ». Avec deux invités de marque : l’écrivain Gaston Kelman (auteur du livre Je suis noir et je n’aime pas le manioc) et le musicien antillais Jacob Desvarieux qui animeront une partie des séances de travail. A l’heure où le débat public reste centré sur la question des discriminations, Hervé d’Almeida, fondateur de Business Challenge, jette un pavé dans la marre et navigue à contre-courant. Il nous explique qu’il s’agit là d’œillères que nous nous plaçons tout seul et qu’il est tout à fait possible d’ouvrir ses horizons en prenant conscience et en assumant sa propre responsabilité.

Afrik.com : Pourquoi avez-vous décidé d’inviter l’écrivain Gaston Kelman au séminaire ?

Hervé d’Almeida : J’ai souhaité inviter Gaston Kelman parce qu’il me semble être un bon agitateur actuellement. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, on réagit. Il crée une réaction et c’est ce qui m’intéresse par rapport à la mission qu’on s’est donnée au sein de Business Challenge pour permettre aux gens de la communauté de bouger. Même s’ils ne font que 5 millimètres ce sera déjà un grand pas.

Afrik.com : Pourquoi dans ces conditions ne pas avoir invité quelqu’un comme Dieudonné ?

Hervé d’Almeida : Parce qu’il ne calque pas à notre esprit de fonctionnement. S’il est important de faire réagir, il est surtout important de faire réagir dans le bon sens. Au sein de Business Challenge, nous essayons d’être le plus efficient possible et dépenser le minimum d’énergie pour le maximum de résultat.

Afrik.com : Pourquoi avez-vous choisi d’inviter Jacob Desvarieux ?

Hervé d’Almeida : Jacob Desvarieux fait bouger les gens, sur la piste et dans la tête, à travers une note musicale. Il est dans ce même principe action-réaction. L’ensemble des musiques qu’il produit ou qu’il chante génère des émotions positives sur son public. C’est la reconnexion avec son intelligence émotionnelle. Quand des gens bougent et dansent sur des musiques de Jacob, ils se rapprochent de leur propre identité et de leur propre potentiel.

Afrik.com : De nombreuses personnes estiment que la couleur de leur peau ou leurs origines sont des handicaps dans la société. Comment réagissez-vous à cela ?

Hervé d’Almeida : Je considère qu’il s’agit-là d’une fausse croyance et d’une fausse interprétation. Et je m’en rends compte à travers les nombreux cas que j’ai pu observer au sein de mon cabinet. Je comprends que des personnes aient la conviction profonde que leur culture, leur couleur ou leur religion soit un handicap. S’ils le disent, c’est que c’est vrai pour eux. Ma démarche est juste de les décaler un petit peu pour les amener à regarder les choses sous un autre angle. Pendant le séminaire, nous ferons des exercices pour que les gens prennent conscience de la différence entre une réalité que l’on considère comme absolue et la réalité relative. La culture est, par exemple, un handicap à partir du moment où on la considère comme un handicap.

Afrik.com : Pourquoi certaines personnes s’enfermeraient-elles dans de tels schémas ?

Hervé d’Almeida : Quelqu’un qui considère que sa couleur de peau ou ses origines est un handicap y tire un bénéfice conscient ou inconscient. Pour connaître lequel, il faudrait que je m’entretienne avec la personne pour déceler de quoi il retourne. Les femmes battues ont des bénéfices secondaires. Cela peut paraître aberrant, mais il y a un phénomène de reconnaissance et de nombreuses études le montrent. Elles peuvent porter plainte ou vouloir quitter leur mari, mais elles restent toujours en relation avec ce profil. Pour pouvoir être une femme battue il faut un déclencheur. Mais il ne faut pas seulement considérer la femme. Il y a également l’homme qui rentre en ligne de compte. C’est tout un système équilibré. Pour être une victime, il faut un bourreau. Pour qu’il y ait un bourreau, il faut qu’il y ait une victime. Par ailleurs si je me définis comme une femme ou un homme battu(e), est-ce que j’ai réellement envie de ne plus être une femme ou un homme battu(e) ? Quelles sont les conséquences en terme d’identité ?

Afrik.com : Donc pour vous les discriminations n’existent pas ?

Hervé d’Almeida : Il faut faire attention aux mots. Le seul fait d’utiliser le terme de discrimination c’est la faire exister dans sa tête et se créer sa propre réalité. Et se placer ainsi dans le problème. Moi je nie le problème. À partir du moment où ça n’existe pas, je ne peux pas me sentir victime de quelque chose qui n’existe pas.

Afrik.com : Que répondriez-vous à une personne d’origine, disons africaine, qui a envoyé 400 lettres de motivation sans succès ? Ne peut-il pas raisonnablement penser qu’il pourrait s’agir de discrimination ?

Hervé d’Almeida : Tout d’abord je le féliciterais pour avoir mis en œuvre une stratégie aussi efficace pour ne pas atteindre son objectif. Je dois avouer que les gens sont souvent excellents pour mettre en œuvre des stratégies d’échec. Il est intéressant de le voir envoyer 400 lettres sans se demander au bout de 10 réponses négatives ce qu’il pourrait faire de différent pour avoir une réponse différente. En ayant la même action il aura toujours la même réaction. Après il a le choix : soit il continue, soit il s’arrête pour réfléchir comment il pourrait faire pour sortir de là.

Afrik.com : Est-il facile de sortir de ce type d’ornière ?

Hervé d’Almeida : Que se soit facile ou non, la question est juste de savoir si la personne en a la volonté. Il faut que la personne ait l’esprit assez ouvert pour se poser dans l’espace solution. Plus largement, le séminaire a pour objectif général de responsabiliser les gens. Pour qu’ils prennent conscience qu’ils ont la vie qu’ils ont créée (et je parle ici sans jugement de valeur), mais qu’ils ont le pouvoir, en étant responsables, de la faire évoluer dans le sens qu’ils veulent.

Afrik.com : Quels types de disciplines ferez-vous intervenir durant le séminaire du 8 avril ?

Hervé d’Almeida : Nous travaillons à partir de recherches faites en neuro sciences, un peu en psychologie, en sociologie et en programmation neuro linguistique (PNL).

Afrik.com : Programmation neuro linguistique ?

Hervé d’Almeida : Quand j’étais en Côte d’Ivoire pour mon service militaire, j’ai eu la chance de rencontrer un prêtre coranique qui avait une démarche entièrement spirituelle. À l’époque, je me plongeais dans des livres techniques. Il se moquait de moi et me disait que je n’avais pas besoin de ça, qu’il me suffisait de regarder la nature. Que tout était autour de moi (et en moi). Et la PNL c’est justement ça. C’est liée à l’observation de soi, des autres et de son environnement.

Afrik..com : Le séminaire abordera les atouts qu’un individu peut tirer de ces spécificités culturelles. Si l’on prend la notion de famille en Afrique noire, quels seraient les atouts qu’on pourrait en retirer, sachant qu’elle est souvent vécue comme un poids ?

Hervé d’Almeida : La notion de clan renvoie à une notion de responsabilité, qui s’avèrerait très utile par exemple à un dirigeant. Car il pense au groupe et il a une bonne représentativité de ses différents éléments. Chacun est à sa place dans les systèmes familiaux en Afrique. Il y a toute une hiérarchie. Un polygame avec quatre épouses gère finalement une vraie petite entreprise.

Afrik.com : Quels seraient les atouts du mysticisme africain et de la sorcellerie, une des pierres de voûte culturelle de l’identité africaine ?

Hervé d’Almeida : Je ne crois pas à la sorcellerie mais je crois au pouvoir de l’esprit. Le fait de croire au côté négatif du mysticisme produit du résultat, donc le mental rentre en jeu, ce qu’on appelle en PNL : « le pouvoir de la croyance ». Alors autant utiliser ce pouvoir pour réussir. Un pouvoir qui est très fort pour l’Afrique noire.

Afrik.com : On reproche souvent aux Africains leur rapport au temps. Que pourrait-on en retirer de positif et de constructif ?

Hervé d’Almeida : On reproche souvent aux Africains de vivre dans le présent. Et le fait de vivre dans le présent leur permet de se connecter à leur environnement et également aux émotions primaires. Si l’on prend exemple de la peur. On a peur de quelque chose qui s’est passé ou qui va se passer, on n’a pas peur du présent. Vivre dans le présent supprime les appréhensions, donc génère une certaine sérénité que n’auraient pas certaines personnes qui ne fonctionnent pas avec le même schéma. Mais la grande force de l’Afrique noire reste sa relation au passé. Les Africains (sub-sahariens, ndlr) évacuent facilement le passé. Il y a beaucoup de cérémonies dans les cultures africaines qui permettent cela. C’est quelque chose qui n’existe plus dans les pays occidentaux et qu’on essaie de retrouver à travers différentes thérapies pour effacer certains blocages.

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