Jacques Chirac : « il faut réécrire » la loi du 23 février


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Le Président Jacques Chirac a déclaré mercredi, à l’occasion de ses vœux à la presse, que l’article 4 de la loi du 23 février, qui porte reconnaissance du « rôle positif » de la colonisation , devait « être réécrit ». Evoquant des « problèmes d’« identité », il a également eu un mot pour la question de l’esclavage, « une blessure pour un grand nombre de nos concitoyens », et rappelé la création prochaine d’une journée de la mémoire.

Le Président Jacques Chirac a fait un pas de plus vers la disparition du polémique article 4 de la loi du 23 février 2005, qui demande aux programmes scolaires de reconnaître « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». A l’occasion de ses vœux à la presse, exprimés mercredi depuis l’Elysée, il a déclaré que cet article « qui divise les Français devait être réécrit ». C’est Jean Louis-Debré qui devra déposer « une proposition de loi en ce sens afin de réécrire [un] texte (…) qui rassemble et qui apaise les esprits », indique-t-il. Le Président de l’Assemblée nationale avait été chargé, le 9 décembre dernier, par le chef de l’Etat de « constituer une mission pluraliste pour évaluer l’action du Parlement dans les domaines de la mémoire et de l’Histoire ». Il avait alors indiqué n’exclure « ni [l’]abrogation ni [la] réécriture » de l’article. Jacques Chirac, alors sorti pour la première fois de son mutisme sur cette affaire, avait déclaré ce qu’il a répété mercredi, en souhaitant que sa démarche s’inscrive dans le cadre d’une réflexion générale : « ce n’est pas à la loi d’écrire l’histoire ».

Chirac « à l’aise » avec son histoire

« Nous pouvons être fiers de notre histoire, a-t-il déclaré mercredi. Mais c’est aussi parce qu’on est à l’aise avec son histoire que l’on peut reconnaître ses zones d’ombre et ses épreuves », a-t-il poursuivi pour expliquer sa position, citant en exemple le « déshonneur de Vichy » et la commémoration de la rafle du Vel d’hiv par un monument en 1995. Le 29 novembre dernier, les députés UMP avaient refusé d’abroger l’article 4, poussant leur président, Nicolas Sarkozy, à annuler un voyage dans une Martinique qui lui avait promis un accueil mouvementé.

Mercredi, évoquant des « problèmes d’identité », Jacques Chirac a expliqué que « la question de l’esclavage est une blessure pour un grand nombre de nos concitoyens, notamment outre-mer ». Et qu’il avait décidé « d’instaurer une journée de la mémoire », précisant que « la France a été exemplaire, en étant le premier pays au monde, et aujourd’hui encore le seul, à reconnaître l’esclavage comme un crime contre l’humanité ».

L’ami algérien

Dans la dernière année de son deuxième et probablement dernier mandat, le chef de l’Etat français veut sans doute définitivement conclure le traité d’amitié avec l’Algérie qui lui tient tant à cœur. Le Président Bouteflika avait eu des mots très durs contre la loi du 23 février, le 2 juillet dernier, depuis Alger, évoquant une « cécité mentale qui confine au négationnisme et au révisionnisme ». Des mots très durs mais pas un divorce. A l’issue de son séjour de cinq semaines en France, à l’hôpital militaire du Val de Grâce, pour l’opération d’un ulcère, il n’a pas eu de mots assez chaleureux pour remercier le personnel soignant, témoin « de la longue tradition d’hospitalité de la France et du peuple français ».

Le chef de l’Etat s’est dit convaincu que « la relation privilégiée » entre les deux pays, « construite sur des bases nouvelles, plus que jamais fondées sur la confiance et le respect mutuels, trouvera sa pleine expression dans l’œuvre de refondation et de restructuration des relations algéro-françaises, porteuses d’une vision affirmée de rapports nouveaux répondant pleinement à l’attente » des deux peuples.

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