Blaise Compaoré réélu à la tête du Burkina Faso


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L’élection présidentielle burkinabé du dimanche 13 novembre ressemblait à une formalité pour le Président sortant Blaise Compaoré. Devant une opposition divisée, il partait grand favori. Ce fut un plébiscite, avec 80,30% des voix, selon les chiffres communiqués vendredi par la Commission électorale nationale indépendante.

Blaise Compaoré a été réélu à la présidence du Burkina Faso, dès le premier tour, avec 80,30% des voix, a annoncé vendredi la Commission électorale nationale indépendante. Le taux de participation s’est élevé à 57,5%. Plus de 3,9 millions d’électeurs ont fait le déplacement jusqu’aux bureaux de vote. Blaise Compaoré, 54 ans, a été réélu pour un mandat de 5 ans devant les 11 autres candidats ayant participé à la présidentielle du dimanche 13 novembre. Ce n’est pas une surprise. Alors que la Cour suprême du pays avait été obligée de faire une entorse à l’article de la Constitution qui limite les mandats présidentiels à deux septennats consécutifs, il partait grand favori.

Après 18 ans d’un pouvoir traversé par des crises socio-politiques parfois violentes, comme après la mort du journaliste Norbert Zongo en 1998, Blaise Compaoré cherchait une nouvelle légitimité. Confiant, il avait crié victoire dès mardi, déclarant avoir infligé une « fessée électorale » à l’opposition. « Globalement, je vois que je suis devant. C’est tout ce qui est important en démocratie quand on doit choisir le premier », avait-il dit. Le Président français Jacques Chirac a aussi félicité dès mercredi son homologue burkinabé et s’est réjoui du scrutin « obtenu dans la transparence ».

« Fraudes massives » selon l’opposition

C’est la première fois depuis le rétablissement du multipartisme en 1991 que l’opposition ne boycottait pas une élection. Mais elle arrivait divisée au scrutin, ayant été incapable de présenter un candidat unique. Elle n’a pas fait le poids face à la machine politique efficace qu’est le Congrès démocratique du peuple (CDP), le parti de Compaoré. Celui-ci a mené une campagne à l’américaine ponctuée de shows populaires, qui aurait coûté 983 millions de FCFA (1,5 million d’euros), selon Salif Diallo, le directeur de campagne, et aurait bénéficié de « bienfaiteurs », dont le Ghana et la Libye. Dans une interview accordée au Patriote, l’un des candidats de l’opposition, Me Bénéwendé Sankara, révèle même que le pouvoir aurait donné 30 millions de FCFA à certains opposants pour acheter leur appui. Résultat : on a vu certains partis d’opposition soutenir la candidature du Président sortant.

Le seul vrai challenger, Herman Yaméogo, un vétéran de l’opposition, s’était retiré de la course le mois dernier pour protester contre la candidature de Compaoré. Dans les rangs de l’opposition, on a observé deux grandes familles : les « sankaristes », dont Me Bénéwédé Sankara et Norbert Michel Tiendrébéogo, et les socialistes comme Ali Lankouandé et Emile Paré. Me Bénéwendé Sankara, de l’Union pour la renaissance/mouvement sankariste (Unir/MS), n’a récolté que 4,94% des voix. Un millier d’observateurs, dont 600 internationaux étaient sur place. Tous ont exprimé leur satisfaction quant au déroulement du scrutin. Ce qui n’est pas le cas de l’opposition. Pour elle, un second tour était « inévitable » et une victoire de Compaoré au premier tour n’aura été possible que grâce à des « fraudes massives », comme le dénonce Clément Toubé Dakio, dans un communiqué publié vendredi.

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