Pierre Nkurunziza est le nouveau Président du Burundi


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Le Burundi serait-il vraiment sur la voie de la paix ? L’ancien chef rebelle hutu Pierre Nkurunziza est, depuis vendredi, le nouveau Président burundais. Il était le seul candidat aux présidentielles et le Parlement, qui l’a désigné, lui était acquis. Cette élection est une étape décisive dans un processus dont l’objectif a été de ramener la paix dans un pays déchiré par les conflits ethniques depuis son indépendance, en 1962.

Une nouvelle Constitution + une victoire des FDD (Forces pour la défense de la démocratie) aux élections communales + une victoire des FDD aux élections législatives = Pierre Nkurunziza Président = la paix au Burundi ? C’est l’équation à laquelle les Burundais voudraient croire. L’ex-chef rebelle Pierre Nkurunziza a été désigné vendredi Président de la République par le Parlement. L’ancien professeur de sport, fils d’une infirmière tutsi et d’un parlementaire hutu, assassiné pendant les violences ethniques de 1972, était seul candidat. Sa victoire ne faisait aucun doute puisque le FDD est majoritaire à l’Assemblée nationale, depuis sa victoire aux élections législatives du 4 juillet dernier. L’ex mouvement rebelle a également démontré sa suprématie en remportant les communales et sénatoriales burundaises.

Les présidentielles mettent administrativement fin à un processus de paix qui a consisté, depuis les premiers accords d’Arusha, en 2000, à convaincre les groupes rebelles hutus de déposer les armes pour s’asseoir à la table des négociations. Ces groupes sont nés à la suite de l’assassinat du Président Melchior Ndadaye, en 1993, le crime qui allait déclencher la dernière crise interethnique en date entre Hutus et Tutsis. Elle aurait fait près de 300 000 morts, selon l’Onu, pour l’essentiel des civils.

La paix par les quotas

C’est le 16 novembre 2003 que le principal mouvement rebelle Hutu, les FDD, a accepté de signer un accord de paix avec le gouvernement burundais. Face à Pierre Nkurunziza, le Président par intérim Domitien Ndayizeye, chef du Frodebu (Front pour la démocratie au Burundi), le parti dont sont sortis les FDD en 1993 pour prendre les armes. L’accord prévoyait un partage du pouvoir entre les deux ethnies : à hauteur de 60% pour les Hutus et 40% pour les Tutsis au sein du gouvernement et à 50-50 au sein du sénat et de l’armée.

Un système de quotas censé réconcilier des communautés marquées par quarante ans de massacres – 1972, 1988, 1993 -mais qui n’a pas convaincu tout le monde. Pour Venant Bamboneyeho, président de l’association AC Génocide, cité par Le Monde diplomatique, les quotas sont une « malédiction » : « Pourquoi ne pas mentionner l’ethnie sur la carte d’identité ? », s’indigne-t-il. C’est cela qui a conduit le Rwanda à la catastrophe : pour trier les gens, on demandait les cartes d’identité. »

En revanche, le processus de paix semble donner confiance aux réfugiés burundais de Tanzanie. Ils ont été plus de 20 000 à rentrer au pays en juillet dernier contre 3 116 en juin, selon le HCR (Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés). Ils ont déclaré aux représentants de l’organisation onusienne que « les élections municipales qui se sont bien déroulées, fin juin, » leur avaient redonné confiance « pour regagner leur pays après plus de neuf ans d’exil ».

Crédit photo Irin

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