La Rumba sentimentale à l’honneur


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Rumba Lolango
Rumba Lolango

Le concept : associer deux belles voix, venant de Brazzaville et de Kinshasa. Pour faire ressortir ce que les deux villes et peuples ont musicalement de mieux en commun : la rumba. Celle d’origine, et depuis les origines. Le tandem Luciana-Ballou se jette à l’eau. Avec brio.

Par Firmin Mutoto Luemba

Ballou Canta et Luciana ont enfin trouvé pour leur groupe un nom qui était déjà le titre de leur premier album, « Pool Malebo ». Du nom de ce territoire fluvial commun aux deux capitales les plus proches de la planète : Kinshasa et Brazzaville. Dans ces deux villes sœurs, les artistes aiment à chanter l’amour dans toutes ses déclinaisons, la beauté de la femme, l’argent et Dieu. Sujets que ne manque pas d’aborder le talentueux duo dans leur nouvel album Rumba lolango (rumba sentimentale en lingala). Les bonnes impressions laissées par leur précédent opus se renouvellent avec élégance.

En écoutant ce disque, on a l’impression de naviguer sur le cours du fleuve Congo à la rencontre d’un certain Franklin Boukaka, grand artiste brazzavillois des décennies écoulées, qui chantait déjà: « Ebale ya Congo ezali lopango te, ezali nde nzela » (Le fleuve Congo n’est pas un enclos, mais plutôt un boulevard, en lingala). L’œuvre de Ballou et Luciana est ancrée aux sources, musicalement comme thématiquement. Des mots, des phrases, des mélodies, des guitares, des sonorités, des arrangements simples qui rappellent l’âge d’or de la rumba. Age au cours duquel des artistes originaires d’une rive allaient évoluer dans des orchestres de l’autre rive, et vice versa. Comme ce fut, notamment, le cas pour l’African Jazz, l’African Team ou encore l’O.K. Jazz.

Rafraîchissante nostalgie

Du coup, c’est un savoureux vent de nostalgie qui souffle sur l’ensemble de l’album ! On écoute, on réécoute, et l’on jurerait entendre jouer et chanter de vieilles, mais indémodables, gloires congolaises comme Rochereau, Docteur Nico, Pamelo ou Canta Nyboma. Pour autant, l’ouvrage reste ouvert aux autres influences musicales, injectées çà et là : soukouss-ndombolo, zouk, funk, rythmes latinos. Comme des vagues interrompant le cours tranquille du grand fleuve de la rumba traditionnelle.

Rumba lolango, comme le précédent, Pool Malebo, a été réalisé à Brazza et n’a rien à envier aux opus enregistrés en Europe. En tous points de vue. En les mettant au moule du studio Eben Ezer, le producteur aura en outre participé aux développement des industries culturelles dans le pays en faisant travailler les techniciens et les musiciens nationaux. L’ensemble de l’équipe aura fourni un produit de qualité « made in/by Congo » et prouve, en cela, tout le savoir-faire que l’on peut trouver sur place. Assurément un disque à avoir.

Pool Malebo, Rumba lolango, Lusafrica, 2004

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