Universal Dancehall fait son show


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Little Shabba

La dernière compilation ragga, dancehall de Little Shabba est enfin disponible. L’artiste producteur, qui signe ici son dixième disque, nous explique le concept qu’il a, cette fois, développé et revient sur l’histoire d’un mouvement ancien qui a aujourd’hui le vent en poupe.

Après Ragga fever, Spanish ragga, 1, 2, 3, Ragga Dancehall, Suprême Ragga mix, Ragga showtime, entre autres, voici Universal Dancehall, la toute dernière compilation de Little Shabba. Et de dix pour l’artiste producteur guadeloupéen. Universal pour universel, car le disque regroupe des artistes américains, africains, créoles, français, anglais. La cuvée 2004 pour ce concept album, basée sur deux riddims (instrumentaux) recèle quelques « bombes », à l’image du morceau avec Daddy Mory et Mad Killah, qui devraient bientôt exploser en radio et sur les dance floor.

Afrik : Pourquoi avoir intitulé votre compilation Universal Dancehall?

Little Shabba :
Parce que le disque a été travaillé pour ouvrir le milieu du ragga dancehall afin de montrer que le mouvement est bien universel. Dans la compilation on retrouve des artistes d’Afrique, comme Doudou Masta, Lyricson ou Daddy Mory (qui est moitié martiniquais, moitié malien). Il y a également des Américains, comme Mad Lion, des Jamaïcains, des Polonais, mais également des Guadeloupéens, des Martiniquais et des Guyanais.

Afrik : Quel est le rapport entre la reggae et le dancehall ?

Little Shabba :
Le dancehall, c’est l’évolution du reggae. Nous sommes passé du reggae au ragga puis au dancehall. Le Ragga est née à la fin des années 80 avec des artistes comme Yellow man, Red dragon, Chaka Demus & Pliers ou Shabba Ranks, celui qui m’a le plus inspiré. Aujourd’hui il y a eu évolution et une nouvelle génération a repris le flambeau. Les grandes figures du mouvement s’appellent Sean Paul ou Elephant man et pour parler de la communauté francophone il faut citer Admiral T ou Daddy Mory.

Afrik : Quelle est la différence entre le ragga et le dancehall ?

Little Shabba :
Pour moi, il n’y a pas vraiment de différence, si ce n’est le marketing. Le mot ragga vient de raggamuffin, qui est une manière de s’exprimer. Comme le rap. La musique a, certes, un peu changé mais la façon de chanter reste la même en dancehall qu’en ragga.

Afrik : Le reggae est à l’origine une musique de protestation. Le dancehall a-t-il gardé cette dimension ?

Little Shabba :
Oui, le dancehall a gardé son côté contestataire, il a d’ailleurs été interdit pendant un temps en Jamaïque. Il y a différentes formes de dancehall, à l’image du rap. Mais elle reste à la base une musique engagée.

Afrik : Peut-on apparenter le dancehall à une simple mode musicale ?

Little Shabba :
Non. Aujourd’hui le mouvement est très médiatisé – notamment grâce à des personnes comme Sean Paul – mais il existe depuis plus de dix ans. Simplement, il se structure de plus en plus et de mieux en mieux. C’est un mouvement où il y a des pas de danse spécifiques, des chorégraphies. Il véhicule un message et une certaine joie de vivre. Le système veut garder l’homme stressé mais le dancehall participe à lutter contre cela en offrant un espoir et une certaine convivialité.

Afrik : Y a-t-il un esprit de fraternité et d’union au sein du mouvement ?

Little Shabba :
Malheureusement pas vraiment. Chaque personne est de plus en plus dans son coin. Dans leurs textes, beaucoup prônent la solidarité et dénoncent Babylone mais ils se comportent comme Babylone.

Afrik : Comment réalise-t-on une compilation ?

Little Shabba :
Je fais d’abord des instrumentaux ou j’en achète. Je fais ensuite un casting artistique. Une fois le choix arrêté, je négocie les tarifs et je réserve des séances studio. Deux à trois artistes passent le même jour pour enregistrer.

Afrik : Il y a seulement deux instrumentaux sur l’album. Comment êtes-vous arrivé à faire des versions aussi différentes sur la compilation ?

Little Shabba :
Il y a effectivement deux riddims sur la compilation. Un que j’ai créé moi même, Caméléon, et un autre qui a été fait par Jamadom, le riddim poco. Pour avoir une diversité musicale, j’ai pris soin de faire appel à des artistes qui n’ont pas le même timbre de voix, qui n’ont pas le même message et qui ont une façon de chanter différente. Pour finaliser le tout, j’ai loué les services d’un bon ingénieur du son et j’ai payé un mastering professionnel pour un résultat impeccable.

Afrik : Le dancehall est une musique urbaine qui circule beaucoup dans les quartiers. Ne craignez-vous pas la piraterie ?

Little Shabba :
Il y a une grande partie des gens qui grave. Certes. Mais beaucoup souhaitent avoir la pochette et le CD original. La technique, pour que le disque marche bien, est de frapper fort, dès le début. Il faut éviter de donner trop de son à l’avance pour ne pas les retrouver sur Internet et lancer la promo en même temps que le disque.

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