L’Afrique selon Emmanuel Dongala


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Jazz et vin de palme
Jazz et vin de palme

« Jazz et vin de palme » est un recueil de nouvelles grinçant, à l’humour caustique et à la tendresse amusée, merveilleusement bien écrit. Où comment l’Afrique compose avec ses anciens et ses nouveaux démons.

Né en Centrafrique en 1941, Emmanuel Dongala dresse un portrait de l’Afrique cynique et désenchanté, et nous emmène à New-York au coeur du jazz américain. Son premier cheval de bataille : le communisme et ses ravages au temps de la Révolution rouge de Brazzaville, qu’il écorche vif dans trois nouvelles : « L’étonnante et dialectique déchéance du camarade Kali Tchikaki », « Le procès du père Libiki » et « La cérémonie ».

À travers trois histoires passionnantes, l’écrivain montre les ravages de la propagande idéologique de Moscou à l’heure du communisme le plus farouche, dans un pays – en l’occurrence le Congo – où le féticheur n’est jamais très loin et où les jeteurs de sorts sont légion. A chacun ses démons semble nous dire Emmanuel Dongala, à chacun ses sorciers et ses gourous.

Dans « Une journée dans la vie d’Augustine Amaya », Dongala met en lumière l’absurdité de l’administration africaine, l’incompréhension et le surréalisme total auxquels sont confrontés les Africains dans leur vie quotidienne. Avec une définition douce-amère de la condition féminine en Afrique : « Mais ces femmes ne trouvaient rien d’anormal à ces bastonnades, à ces injures et outrages que les douaniers leur faisaient subir, car, depuis leur naissance, toutes les autorités, coloniales ou post-coloniales, rénovatrices ou rédemptrices, réactionnaires ou révolutionnaires, adeptes du socialisme bantou ou du socialisme scientifique marxiste-léniniste, toutes les avaient toujours traitées avec le même mépris ».

J.C. super-star

Pour sa période « américaine », l’écrivain fait évoluer ses héros dans un New-York difficile et hostile (« Mon métro fantôme »), mâtiné de racisme ordinaire. Dans la dernière tentation de Dongala, « A love supreme », J.C. est le Dieu du saxo-alto. J.C. c’est John Coltrane bien sûr, icône de Jazz et musicien super-star. Et enfin dans « Jazz et vin de palme » c’est encore Coltrane qui sauve la planète des Martiens – Tim Burton avait-il lu cette nouvelle avant d’écrire Mars Attacks ? La relation entre les deux est étonnante.

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