Gadji Celi, chanteur patriote


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Gadji Celi
Gadji Celi

Artiste engagé, le chanteur ivoirien Gadji Celi ne mâche pas ses mots pour dire, en chanson, ce qu’il pense de la crise politique que traverse son pays. Militant de la première heure, Gadji Celi prône la réconciliation dans son dernier album  » La Paix « . Il veut montrer à son public le chemin à suivre, celui du dialogue plutôt que de la haine afin que la Côte d’ivoire retrouve l’unité nationale et la voie de la raison.

Star de la scène musicale ivoirienne, Gadji Celi a décidé de dire, en chansons, ce qu’il pense du conflit ivoiro-ivoirien. Par ses prises de positions, le chanteur milite pour l’entente et l’union patriotique de tous les Ivoiriens. Son album relate les événements douloureux qui ont touché son pays en septembre dernier et tend à sensibiliser son public sur la nécessité de reste soudé pour remettre la Côte d’Ivoire sur les bons rails.

Afrik : Que pensez-vous de la situation actuelle en Côte d’Ivoire ?

Gadji Celi : En tant qu’ancien footballeur de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, les Eléphants, entre 1984 et 1992, et artiste, je suis un leader d’opinion et je ne pouvais pas rester silencieux. Je pense que ce qui arrive à notre pays est regrettable car si des Ivoiriens ont pensé qu’il y avait des problèmes entre eux, ils auraient pu les régler par le dialogue plutôt que de le faire dans la sauvagerie et les tueries. L’Afrique est le continent qui a le plus de problèmes.

Afrik : Que chantez-vous exactement dans vos textes ?

Gadji Celi : Je suis pour l’unité africaine. Je me considère Africain avant d’être Ivoirien. Dans mes albums, je chante la désunion du continent. Pour moi, on se sert de l’Afrique pour détruire l’Afrique. Dans mes textes, je dis que la guerre ne mène à rien. Je suis un chanteur engagé et je souhaite que mon public suive le bon chemin, qui est celui de la paix.

Afrik : Assumez-vous votre étiquette de chanteur patriote ?

Gadji Celi : Tout le monde est patriote, ce n’est pas une injure. Etre patriote, c’est aimer sa patrie. Je me souviens d’un problème que j’ai eu en 1990 avec le ministère des Sports suite à une mésentente. On avait dit que j’avais imposé des conditions pécuniaires pour jouer. J’ai été tellement choqué que j’ai décidé de ne pas jouer pour montrer que j’étais patriote avant tout.

Afrik : D’autres artistes écrivent-ils comme vous des textes engagés ?

Gadji Celi : Tous les chanteurs ont des textes engagés mais ceux qui ont la réputation d’être plus patriotiques que d’autres n’ont rien dit quant aux événements actuels. Je n’ai pas attendu les événements du 18 septembre dernier pour dire ce que je pense. Mais si je m’étais tû, je me serais demandé ce que j’ai fait pour aider mon pays. Chacun doit donner son avis sur la question.

Afrik : Quelle est votre position par rapport à la crise que traverse la Côte d’Ivoire ?

Gadji Celi : Je n’ai pas de parti pris. Notre pays a de gros problèmes qu’il doit régler grâce au dialogue. Chez nous, il y a beaucoup d’ethnies. La Côte d’Ivoire est un des pays qui a l’un des plus fort taux d’immigration au monde. Les Africains ont décidé de venir travailler chez nous et à partir du moment où nous les acceptons, ils devraient être reconnaissants. La revendication des rebelles est politique. C’est dommage d’instrumentaliser les étrangers, car nous sommes tous des amis. Pour moi, ce conflit est fait pour nous diviser. Il faut suivre la Constitution sinon on ne va jamais s’entendre. S’il n’y a pas de loi, il n’y a pas de vie. C’est ce que je chante dans mes chansons.

Afrik : Que pensez-vous de l’attitude des Ivoiriens par rapport à la France ?

Gadji Celi : C’est dommage que les gens se soient fâchés contre les Français. Les Ivoiriens ont signé des accords de défense avec la France et en cas d’agression, celle-ci se doit de nous aider. J’ai vécu en France et je déplore ce qui est arrivé. La France devait prendre ses responsabilités face à la crise et arrêter les tueries plutôt que de ne penser qu’à ses intérêts. Je ne dis pas que c’est la France qui a tué tous ces innocents mais elle aurait pu empêcher ces tueries. Il y a eu des morts dès le 19 septembre et la France aurait dû agir dès le 20 pour y mettre fin.

Afrik : N’avez-vous pas surfé sur la vague du patriotisme pour attirer un public plus large ?

Gadji Celi : J’ai commencé à composer mes chansons dès les premières heures de la crise, ce n’est pas une récupération. J’ai fait mon album en un mois, c’est peut être l’un de mes plus mauvais car je n’ai pas eu le temps de le réaliser. Je l’ai fait dans un but social. Lors des émeutes, j’ai perdu un ami qui n’avait rien à voir dans cette crise. J’ai décidé de donner quelque chose à sa famille et aux Ivoiriens en chantant pour eux. Je compte reverser une partie de mes gains au ministère de la Solidarité. Le patriotisme doit être une fibre qui résonne en nous. On naît patriote. A partir du moment où on a une patrie, on est automatiquement patriote.

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