Pacifier l’ouest ivoirien


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Réunis au nord du Togo sous l’égide de Gnassingbé Eyadéma, Laurent Gbagbo et Charles Taylor ont décidé samedi le déploiement de forces conjointes ivoiriennes, libériennes, ouest-africaines et françaises le long de la frontière entre leurs deux pays. Les trois mouvements rebelles ivoiriens, dont on ignore s’ils seront parti prenante dans cette opération, affirment être déjà à l’oeuvre pour sécuriser l’ouest de la Côte d’Ivoire.

Les parties prenantes à la crise ivoirienne semblent avoir enfin pris la mesure du danger que représentent les mercenaires, notamment libériens, dans l’ouest du pays. Les rebelles reconnaissent aujourd’hui avoir recruté des mercenaires libériens et affirment tout faire depuis deux semaines pour les chasser de Côte d’Ivoire. Ce serait dans ce cadre que le chef du Mouvement patriotique ivoirien du grand ouest (Mpigo), Félix Doh, a trouvé la mort dans la nuit de vendredi à samedi, selon le MPCI (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire).

Samedi, à Kara (Togo), les présidents libériens et ivoiriens  » ont convenu de la nécessité du déploiement immédiat de forces conjointes composées des troupes françaises de l’Opération Licorne, des troupes de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), des Fanci et des forces armées libériennes (AFL) sur près de 200 km, de Grabo à Gbapleu « . Les mouvements rebelles ivoiriens ne sont pas cités comme l’une de ces forces conjointes, ce qui pourrait remettre en cause la participation des Forces françaises à l’opération.

Avec ou sans les rebelles

En effet, le 22 avril dernier, le général Emmanuel Beth, commandant de l’opération Licorne, avait évoqué la nécessité de mettre sur pied une opération quadripartite mêlant les Fanci, les troupes rebelles, ouest-africaines et françaises pour  » nettoyer l’ouest « . Précisant que  » si les Forces nouvelles ou les forces ivoiriennes ne sont pas présentes dans le règlement de cette affaire, la France ne suivra pas ». Contacté par Afrik, le lieutenant-colonel Philippe Perret, porte-parole de l’opération Licorne, confirme la position de la France.

Alain Toussaint, porte-parole du président Gbagbo, précise pourtant que l’opération  » ne concerne que les forces régulières « .  » Ce sont les rebelles qui ont fait entrer les Libériens à l’ouest, comment peut-on croire qu’ils cherchent aujourd’hui à les chasser du pays ? De toute façon, la Côte d’Ivoire est sur la voie de la paix et nous ne pouvons plus parler de forces régulières et de Forces nouvelles.  »

 » Brebis galeuses « 

MPCI et Mpigo agissent pourtant bien en tant que tels pour pacifier la zone frontalière avec le Libéria.  » Le MPCI a décidé de prendre ses responsabilités pour rétablir l’ordre dans l’ouest, explique l’adjudant Beugré, directeur de la communication du MPCI. Nous avons envoyé des éléments pour sécuriser les civils et lancé une campagne de sensibilisation à l’attention de nos alliés libériens. Jusqu’à présent, ça fonctionne.  » En ce qui concerne les témoignages de combats, le lieutenant Beugré explique que  » ceux qui résistent sont des Lima (supplétifs libériens des forces loyalistes, selon l’AFP, ndlr), ce ne sont pas nos hommes.  » Roger Banchi, ministre des PME-PMI et responsable du Mpigo, est plus virulent.  » Aujourd’hui nous avons pris la décision de pacifier l’ouest quoi que ça nous coûte. Ces brebis galeuses font des choses qui vont à l’encontre de ce qu’on veut faire pour le pays.  »

Samedi, à l’issue de son entrevue avec Charles Taylor, Laurent Gbagbo s’est entretenu avec les ministres Michel Gueu et Tuo Fozié, qui représentaient le MPCI à Kara, selon l’AFP. Aucune information n’a filtré sur la teneur des discussions. Seule certitude, une réunion des chefs d’état-major libérien et ivoirien est prévue mercredi à Abidjan, pour discuter des modalités du déploiement décidé samedi.

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