Fela Kuti s’empare du net


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Fela Kuti
Fela Kuti

Cinq ans après son décès des suites du Sida, Fela, le plus célèbre des musiciens nigérians, revit par le biais du Net. Un site, et en français s’il vous plaît, lui est consacré. Un hommage en couleur pour « The black president ».

Au Nigeria, il y a certes Wolé Soyinga, le prix Nobel de littérature, mais il y a eu et il y aura toujours Fela, de son vrai nom Fela Hildegard Rasome alias The Black president , le chef d’Etat de Kalakuta Republic (une république libre et indépendante régit par le droit coutumier, située dans Surulere, un quartier de Lagos). Musicien hors norme et panafricaniste convaincu, Fela, père de l’afro-beat, est un artiste qui durant toute sa carrière s’est battu, parfois au péril de sa vie, pour vilipender les travers de la société nigériane et africaine. Ses chansons « No agreement », « Shakara », « Zombie » ou encore « Lady » ont fait le tour de la terre.

Si pour le mélomane anglophone, la vie et la prose de Fela font partie du quotidien, il n’en est pas de même pour le francophone. L’erreur est désormais corrigée. Un site de l’artiste propose aux fans francophones – et Dieu sait qu’ils sont nombreux – la biographie complète du chanteur, la version française de ses nombreux tubes, sa philosophie ( Le Felaisme), un stand d’écoute (50 de ses meilleures chansons à télécharger), des clips animés pour donner un aperçu de son incroyable talent, des photos inédites…

Une attitude de colonisé

Une présentation très sobre, des photographies en couleur et en noir et blanc de l’artiste et sa trentaine de femmes, les pochettes de ses principaux disques, une présentation de ses potentiels successeurs ( parmi lesquels, deux de ses fils Femi et Seun Kuti), une navigation claire et rapide… Kalakuta Republic, c’est le nom donné au site, est un vibrant hommage rendu à l’immense oeuvre de Fela. Auteur prolifique, il est l’auteur de 77 albums, soit exactement 133 chansons.

La plus belle et la plus poignante restera certainement « Colonial mentality » qui interpelle ses frères en ces termes : « T’étais esclave, ils t’ont certes libéré, mais tu ne t’es pas encore libéré toi-même. Tu copies aveuglément les moeurs occidentales. Parce qu’ainsi tu te crois supérieur aux autres, n’est-ce- pas ? Ce qui est nègre n’est pas digne de toi, tu préfères ce qui vient d’ailleurs n’est-ce- pas ? Alors tu mets la climatisation à fond n’est-ce- pas ? Toi le juge, tu sièges au tribunal en enfilant la perruque blonde d’un juge anglais n’est-ce- pas ? Parce que tu as honte de ton nom, tu prends un nom d’esclave que tu exhibes fièrement n’est-ce- pas ? » Une chanson à lire dans sa version française sur le site. Et rien que pour ça, cela mérite le détour (le site n’est plus fonctionnel, ndlr).

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