Peinture : Narriman Sadouni chante son hymne à l’amour


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Drapeau de l'Algérie
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Coïncidant avec la visite officielle du président algérien Abdelaziz Bouteflika en France, une galerie parisienne, la galerie Lehalle, consacre à Narriman Sadouni, artiste contemporaine vivant à Alger, une exposition exceptionnelle, du 15 juin au 13 juillet 2000.

La peinture de Narriman Sadouni est une affaire de vibration, et de climat : d’un fond qui paraît tissé de taches de couleurs voisines qui se superposent, s’ajoutent, se nuancent et s’effacent, naît une animation étonnante de la toile, qui semble frémir au vent, ainsi qu’un tapis de feuilles mortes, dorées, ocres ou brunes. La lumière s’y accroche et le tremblement recrée une profondeur, un espace prolongé où le temps semble s’écouler : preuve visuelle que le passage du temps n’est jamais autre chose que la perception d’un mouvement.

De cette atmosphère étrange et instable, des formes jaillissent : silhouettes de femmes, corps saisis dans des attitudes diverses, marionnettes dansantes, passantes, belles alanguies ou assises. Elles sont fondues dans l’espace qui leur sert de cadre, rien ne les retient ni ne les justifie, elles semblent engendrées spontanément par la toile : là encore, c’est alors un mouvement que l’oeil de l’observateur croit saisir. Les corps féminins sont projetés à la surface, ils semblent se dégager peu à peu d’une gangue qui les enfermait, et d’où ils sortent, formes individualisées.

En intitulant son exposition « sous le signe de l’Amour », l’artiste algérienne a fait plus que suggérer une piste : elle a traduit le sens même de sa peinture. Le foisonnement de la toile, l’émergence de la beauté qui s’extrait mystérieusement de ce néant miroitant, l’attrait mouvant des corps dont on ne sait pas trop s’ils sont divers moments d’un même être, qui s’approcherait, ou plusieurs naissances que le hasard seul réunit dans le même espace…

L’amour contre le néant

Une certitude s’insinue chez celui qui regarde la toile : celle de la splendeur d’un monde où l’amour est la seule vraie loi, et qui ne dure et perdure que par une incessante génération, dont le désir est le moteur. Que cette loi soit agréable à observer lui donne encore plus de force. La vie est dans ce mouvement, dans cette danse des corps par laquelle rien n’a de fin, victoire permanente, lumineuse et renouvelée de la nature et de ses créatures sur le néant « vaste et noir » dénoncé par le poète.

Exposition Narriman Sadouni « sous le signe de l’Amour », Galerie Lehalle, exposition les 16 et 17 juin de midi à minuit, et sur rendez-vous jusqu’au 13 juillet, 3, rue Augereau, 75007 Paris, tel 01 45 55 80 99.

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