Youssef Tazi, l’homme de la brousse africaine


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Son caractère « indomptable » lui a valu des inimitiés au sein du groupe parlementaire dont il fait partie. Derrière ses yeux rieurs et malicieux, se cache un redoutable homme d’affaires. Portait de Youssef Tazi.

Manager, homme politique et exportateur, il trouve le temps de faire du sport, du golf particulièrement, et de s’occuper de ses enfants. « Pas beaucoup cependant. Heureusement que ma femme remplit à merveille son rôle auprès d’eux », reconnaît humblement Youssef Tazi, PDG de la holding CCGT (Consortium pour la Canalisation, le Granulat et les Travaux).

Quarante ans et les tempes grisonnantes. Derrière son visage rond et ses yeux rieurs et malicieux, se cache un redoutable homme d’affaires.

A l’aise aussi bien dans un chantier en pleine brousse africaine que dans le salon de sa villa au Souissi (Rabat), sa journée idéale est une journée sans pression et une soirée familiale. Il n’aime pas beaucoup sortir, mais adore recevoir chez lui. Cadet d’une famille de trois frères, il dit avoir le sens de la famille et reconnaît à son environnement une grande partie de sa réussite.

Youssef l’indomptable

Il se dit aussi « indomptable » et abhorre tous ceux qui essayent de lui imposer quoi que ce soit. Youssef Tazi ne s’est pas fait que des amis. Il s’est distingué l’année dernière par un esclandre au sein du groupe dont il fait partie au Parlement. Alors que les instructions étaient de ne pas voter, Youssef Tazi a transgressé la règle en faveur du président issu du RNI. Ce qui lui a valu une expulsion du groupe Istiqlal. Un an après, certains ont passé l’éponge sur cet écart, d’autres lui en veulent encore pour cet « affront ». Même petit, raconte-t-il, il n’aimait pas être commandé, surtout « s’il n’en était pas convaincu ». Que ce soit auprès de ses parents ou encore de ses professeurs, il se montrait agaçant à force de revendiquer la liberté d’action.

Un parcours classique pour cet ingénieur des Ponts et Chaussées. Des études primaires à l’école Guessous de Rabat avant de rejoindre, après un bref passage au lycée Hassan II, le lycée Descartes pour le second cycle du secondaire. Il y obtient le bac en 1976. Trois ans après, il intègre l’Ecole des Ponts et Chaussées après des classes préparatoires au lycée Saint-Louis à Paris. En 1982, il en sort avec un diplôme d’ingénieur. Cet amoureux de la nature et de la découverte choisit alors de ne pas rentrer tout de suite au Maroc et de faire une année sabbatique à Londres. En fait, elle ne sera pas aussi sabbatique que cela. Il en profite pour apprendre la langue anglaise et faire des stages dans plusieurs entreprises.

Itinéraire d’un enfant prodigue

Son vrai parcours professionnel, il le démarre dans une société familiale. Il commence alors en tant que simple ingénieur. Il se souvient encore de son premier chantier à Tiznit: « l’alimentation en eau potable ». Il gravit assez rapidement les échelons et se retrouve en 1988 à la tête de la société. Une fois aux commandes, le jeune loup s’attaque sérieusement au développement de la société. Il s’attelle d’abord à la diversification des activités en créant des unités de fabrication de tuyaux et des exploitations de carrières. Aujourd’hui, il gère un holding composé de cinq sociétés avec un chiffre d’affaires de 200 millions de DH. Il a fait des travaux publics son métier. Mais ses ambitions ne s’arrêteront pas là. Son challenge est d’introduire le holding et ses filiales en bourse.

Sa grande fierté est incontestablement son entrée dans le marché africain. De l’Afrique, il parle avec beaucoup d’émotion et surtout de combativité.

Plein de statuettes, de masques en bois et de sculptures en ivoire, tous en provenance du continent noir, son salon rappelle tous les pays qu’il a visités. Il le dit, il passe une grande partie de son temps en Afrique. Aujourd’hui, il a décroché des marchés de 70 millions de dollars.

Le marché africain

« Il faut aller vers ce marché africain qui est prêt à travailler avec les entreprises marocaines ».

Ses premiers pas, en tant qu’exportateur, Youssef Tazi les a faits en Guinée en 1993 pour un projet d’alimentation en eau potable. Suivent des grandes réalisations: des routes, des barrages, des aérodromes… La Guinée sera le début de son expérience à l’international. Elle sera suivie par celle du Mali et du Sénégal.

L’an 1993 sera aussi le début de sa carrière politique. Fils d’Istiqlalien, il a vu défiler durant son enfance les plus grandes figures de ce parti. Il ne pouvait donc pas être autrement. Pourtant, enfant et adolescent, rien ne le prédestinait un jour à la politique.

Son père en tout cas n’avait aucun espoir de le convertir. « Les mathématiques et les études prenaient beaucoup de mon temps. Du reste, mon esprit est surtout occupé par le volet économique », raconte-t-il.

Youssef Tazi trouvera dans la politique le moyen de défendre l’économie.

Depuis quatre ans déjà, il représente les hommes d’affaires à la Chambre des Conseillers sous l’étiquette de l’Istiqlal. Il ne mâche pas ses mots pour critiquer son parti dont le président de groupe au Parlement n’est autre que son… papa.

Badra Berrissoule

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