Un parti écologiste en Mauritanie : l’idée folle de Ould Dellahi


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Drapeau de la Mauritanie
Drapeau de la Mauritanie

Le Parti mauritanien pour la défense de l’environnement (PMDE) est le premier parti « vert » du pays. Il a vu le jour en janvier 2001. Pour son président, Mohamed Ould Dellahi, l’écologie politique a un grand avenir en Mauritanie.

C’est son expérience en tant que secrétaire général de l’Association des exportateurs des produits frais de la mer qui sensibilise Mohammed Ould Dellahi à la défense de l’environnement en Mauritanie. Même s’il n’a pas la prétention de jouer les premiers rôles en politique, son parti, le Parti mauritanien pour la défense de l’environnement (PMDE), né il y a quatre mois, permet de faire entrer sur la scène politique du pays un thème développé jusqu’ici par quelques Organisations non gouvernementales (ONG). Interview.

Afrik : Pourquoi avoir créé un parti écologiste en Mauritanie ?

Mohamed Ould Dellahi : Depuis longtemps, je suis un défenseur convaincu de l’environnement même si, ici, personne n’en parle. Après dix ans passés dans le paysage politique et démocratique du pays – dans le Parti mauritanien pour le renouveau et la concorde, ndlr -, je me suis rendu compte que les politiques menées en Mauritanie n’avaient aucun impact sur la population. Le peuple a besoin de vivre dans un environnement sein et serein. Selon moi, toute action politique ou économique qui ne prend pas en compte l’aspect environnemental est vouée à l’échec. L’environnement, c’est ce que nous respirons, ce que nous buvons, ce que nous mangeons. C’est primordial.

Afrik : Comment ont réagi le peuple et les hommes politiques mauritaniens ?

Mohamed Oul Dellahi : Les gens m’ont traité de fou. Les politiques ne pensaient pas que cette idée allait prendre de l’ampleur en si peu de temps. Nous avons aujourd’hui 4 000 membres convaincus. Notre bureau exécutif comprend des cadres, des ingénieurs, des juristes. Finalement il n’y a que moi qui ne sois pas diplômé sur 19 personnes ! Je cherche l’intérêt de tous les Mauritaniens, sans distinction de race, de religion ou d’ethnie. Nous avons réussi à porter le débat de la protection de l’environnement dans les salons, les bureaux et la presse.

Afrik : Quel est votre programme ?

Mohamed Ould Dellahi : La défense de l’environnement et le respect des droits de l’homme. Les résultats de la désertification touchent directement la population, avec un exode rural massif qui entraîne un développement hasardeux et tentaculaire des villes. Avec à la clé : recrudescence du banditisme, recul des valeurs morales, problèmes dans les domaines de la santé et de l’éducation. Le PMDE prône la limitation du volume des déchets et de leur danger, la promotion de l’usage de produits recyclés, l’usage de moyens de locomotion moins polluants.

Afrik.com : Comment faites-vous campagne ?

Mohamed Ould Dellahi : Ma vraie campagne a eu lieu dans les bidonvilles, auprès des jeunes et des famille qui vivent dans la misère. Nous avons créé des comités de base dans les quartiers pour sensibiliser la population à la protection de l’environnement, chose qu’elle ignore totalement. Nos militants font du porte à porte, distribuent des brochures, apportent le débat. Nous avons ciblé la région de Nouakchott, de Trarza, de Dakhlet Nouadhibou et de Tiris Zemour. C’est un travail de fourmi long et difficile que nous effectuons dans des conditions assez rudes. Nous n’avons aucun financement à part les collectes parmi nos adhérents, ce qui limite notre démarche.

Afrik : Qu’espérez-vous des prochaines élections en Mauritanie ?

Mohamed Ould Dellahi : La politique de protection de l’environnement que nous menons est très sensible et on nous combat sur tous les fronts. Face à des partis structurés et solides financièrement, nous ne faisons pas le poids. Nous espérons tout de même obtenir quelques sièges dans les conseils municipaux. Nous n’avons toujours pas reçu notre récépissé pour pouvoir participer au prochain scrutin mais nous ne sommes pas pressés. Les choses doivent aller à leur rythme.

Pour aller plus loin : lire notre dossier Les Verts poussent en Afrique

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