L’Internet malgache à l’étroit dans sa toile


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Drapeau de Madagascar
Drapeau de Madagascar

Le développement d’Internet à Madagascar marque lourdement le pas. Problèmes d’infrastructures, faible pouvoir d’achat des ménages et absence de mobilisation politique sont autant de goulets d’étranglement à l’essor des nouvelles technologies dans le pays.

Quinze mille internautes sur une population de quinze millions d’habitants. Seul un malgache sur mille est connecté à Internet. Pourtant, en témoigne le succès de la dernière fête de l’Internet, l’intérêt pour les nouvelles technologies dans l’île ne manque pas. Mais le développement de la toile pâtit de bien lourds handicaps au premier rang desquels : le manque d’infrastructures, le faible pouvoir d’achat des ménages et l’absence d’une volonté affirmée de la part des pouvoirs publics pour vulgariser Internet sur le plan national.

 » L’infrastructure télécom n’est pas bonne « , déclare M Rivo Razafindratsifa, conseiller technique à la DTS, filiale de l’opérateur national Telma et principal fournisseur d’accès de l’île.  » Il y a quatre ans, nous ne pouvions pas communiquer entre les grands centres urbains du pays « , poursuit-il.  » Depuis la situation s’est nettement améliorée. Pas assez cependant.  »

 » En 1994 nous n’avions que 30 000 lignes pour dix millions d’habitants, nous en avons aujourd’hui le double. Le résultat de plus de 200 milliards de francs malgaches (200 millions de FF) d’investissements », explique M Mamiharilala Rasolojaona, président du conseil d’administration de Telma (Telecom Malagasy).

Privatisation et choix stratégiques

Mais le développement du réseau se heurte à de nombreux écueils. Telma, à 66% public et à 33% privé, est en voie de privatisation. Une privatisation qui aurait déjà dû arriver à terme en 1997, mais qui  » devrait être effective fin 2001 « , assure-t-on au ministère de la Privatisation. Difficile dans ces conditions de mener une politique d’investissements à grande échelle pour améliorer les infrastructures.

A cela s’ajoute également un problème de débit des lignes existantes.  » Notre rôle est de permettre la connexion via notre réseau « , explique le président du conseil d’administration de Telma.  » Avant, nous n’avions pas de réseau. Et puis nous en avons développé un en analogique. Maintenant 80% de notre parc est numérique. C’était un préalable nécessaire. Désormais, ils nous reste à régler les problèmes de vitesse. Actuellement nous ne pouvons rien garantir au delà de 33 kbits. Mais nous aurons l’ADSL (haut débit, plus de 500 kbits, ndlr) d’ici la fin de l’année « .

Salaire moyen de 200 FF et 60FF l’heure de connexion

L’ADSL oui, mais pour les entreprises. Car pour le particulier, Internet, même à bas débit, reste principalement un luxe qu’il faut pouvoir se permettre. Bien que le salaire moyen, 200 000 FMG (200 FF), ne soit qu’une partie des revenus malgaches, complétés par un travail d’appoint ou les fruits d’un secteur informel toléré, les tarifs des cybercafés de la capitale – jusqu’à 60 FF l’heure – semblent prohibitifs en comparaison.

Que dire alors des ordinateurs, éléments de base de l’Internet actuel, vendus entre 7 000 et 8000 FF pièce ? L’Internet domestique est confronté à l’épineux problème des coûts d’équipement. Une situation que beaucoup imputent à l’Etat et à son manque d’initiative en faveur des nouvelles technologies.

 » Le pouvoir d’achat des ménages est un frein au développement d’Internet « , reconnaît-on à la DTS.  » Pourtant la demande existe. Lors de la fête de l’Internet, tous nos accès étaient gratuits. Résultat : notre bande passante a été saturée à 99% « .

S’il n’y a pas de ministère véritablement dédié aux nouvelles technologies dans le pays, la prise de conscience s’installe. Et le président de la République, M. Didier Ratsiraka, a déclaré, lors de sa dernière allocution publique, qu’il croyait à la nécessité de vulgariser l’Internet dans l’ensemble du pays. L’impulsion, peut-être, d’une prochaine politique-cadre plus volontariste pour ne pas perdre le fil d’une révolution numérique globale déjà bien entamée ? Du pain sur la planche…

Tout le matériel informatique malgache est importé et taxé à 45% (37% pour le matériel télécom).  » Il faudrait commencer par défiscaliser le matériel informatique « , réclament les acteurs économiques du secteur. Mais l’Etat jusque là fait la sourde oreille.

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