Les viols de guerre sévissent encore dans le nord du Mali


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Un nombre croissant de femmes sont victimes de viols par des rebelles touaregs et des groupes armés qui sévissent au Nord du Mali. Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme.

D’après un rapport de Human Rights Watch (HRW), des viols et violences sexuelles se déroulent dans les villes et les villages au nord du Mali. « Nous sommes très préoccupés par ce qui semble être une augmentation drastique dans le ciblage et l’abus sexuel des femmes et des filles par des groupes armés dans le nord », a déclaré à l’IPS, Corrine Dufka, chercheuse senior Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch. « Puisque les groupes rebelles ont consolidé leur contrôle du territoire du Nord qu’ils appellent le Azawad, Human Rights Watch a documenté plusieurs cas de viol et de nombreux autres cas dans lesquels les filles et les femmes ont été enlevées de leurs foyers, villes et villages, et très probablement abusées sexuellement », affirme la chercheuse. Le porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ag Assarid, a nié toute implication du MNLA dans les violences sexuelles. Il a cependant admis qu’il n’était pas possible de « contrôler tous les gens de l’Azawad ».

Des témoignages d’habitants révèlent que des groupes armés, souvent des jeunes, n’hésitent pas à enlever des fillettes pour abuser d’elles ouvertement. Les femmes et les jeunes filles sont les premières victimes dans ce genre de conflits. Et contrairement à ce qu’a affirmé Ag Assarid, des informations indiquent qu’il s’agit bien des membres du MNLA qui s’adonnent à ce genre de pratique.

Selon un témoignage rapporté par HRW, une fillette de douze ans a été emmenée de force dans une maison pour être violée à tour de rôle par un groupe de jeunes armés. La mère, impuissante puisque menacée d’être tuée, a assisté à la scène où sa fille a été enlevée. « La mère s’est battue pour retenir sa fille, mais elle n’a pas pu. Ils ont traîné la jeune fille qui criait dans une maison voisine en construction… Deux d’entre eux se tenaient à l’extérieur comme s’ils montaient la garde tandis que l’autre la violait à l’intérieur. Puis ils ont échangé leur place jusqu’à ce que chacun d’entre eux soit allé à l’intérieur. Je ne peux pas vous dire à quel point c’était horrible, c’était affreux. Nous pouvions entendre ses pleurs. La mère s’est effondrée en sanglots sur le sol. Une fois qu’ils en ont fini avec elle, la mère s’est précipitée pour chercher sa fille. » L’agression, loin d’être un cas isolé selon HRW, a eu lieu le 2 avril.

Ansar Dine mène l’enquête

Au total, près de dix-sept jeunes filles ont ainsi été victime d’agressions sexuelles ou de viols, selon HRW. Le MNLA est directement visé. Pour limiter les exactions, le groupe islamiste Ansar Dine, qui au même titre que le MNLA règne sur le nord du Mali mais avec l’ambition d’instaurer la charia, a crée une « police islamique à Tombouctou ». Ils ont pris plusieurs mesures pour protéger les civils des pillages, violences sexuelles et autres exactions généralisées commises par le MNLA, les milices arabes, et les criminels de droit commun. Le groupe islamiste mène des patrouilles à pieds et motorisées et a également mis en place des lignes d’appels directes. A Gao, ils ont exécuté deux membres du MNLA pour avoir commis des viols.

Mais les membres d’Ansar Dine font aussi la chasse aux pratiques dites « illicites ». HRW rapporte qu’au début du mois d’avril, des membres d’ « Ansar Dine avaient coupé l’oreille d’une femme pour avoir porté une jupe courte et fouetté des hommes qui avaient consommé de l’alcool et commis des larcins. »

Gao est la ville la plus touchée par ce type de violence. Des habitants réclament la présence d’observateurs internationaux pour observer ce qu’il se passe. Le Directeur général du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Anthony Lake, s’est dit, mercredi dernier, préoccupé de la situation au nord du mali. Au delà des graves problèmes de viols, des informations ont fait état de recrutements forcés d’enfants au sein des groupes armés. « Il doit être mis fin immédiatement à ces actes odieux », a déclaré Anthony Lake.

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