Les Tunisiens en passe de chasser Ben Ali ?


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Le Président Zine El Abidine Ben Ali a prononcé jeudi soir un discours sur les antennes de la télévision tunisienne alors que les émeutes ont fait à ce jour 67 morts. Une partie de la famille du président, notamment ses trois filles a pris le chemin de l’exil.

«Je vous ai compris», a plusieurs fois répété le Président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, jeudi soir, sur les antennes de la télévision nationale. Prenant acte du mécontentement populaire, le chet d’Etat, au pouvoir depuis 23 ans, a déclaré qu’il ne se présenterait pas aux élections présidentielles de 2014. S’exprimant en arabe tunisien plutôt qu’en arabe littéraire, contrairement à son habitude, il a reconnu qu’il n’était pas conscient de la gravité de la situation que son pays traversait, expliquant qu’on l’avait «maintenu à l’écart», et qu’il avait reçu de fausses informations. Il a assuré avoir demandé à ce que la police ne tire plus à balles réelles sur les manifestants. Il a par ailleurs promis de baisser les prix de tous les produits de première nécessité et la liberté totale de l’information comme d’internet.

Son intervention était attendue par les Tunisiens, dont beaucoup pensent qu’elle marquera une rupture, voire une fin de règne. La preuve, selon eux : le clan Ben Ali aurait pris le chemin de l’exil. Les trois filles du président sont arrivées au Canada, où l’on prétend comme sur la page facebook de Free Tunisia Revolution, que le président tunisien pourrait les rejoindre. Répondant à une question sur la chaîne d’informations française LCI, le chef du groupe socialiste à l’Assemblée nationale française, Jean-Marc Ayrault, a estimé que le départ de Zine El Abidine Ben Ali était « inévitable ». « Il faut qu’il parte », a-t-il poursuivi, dans le cadre d’« une solution démocratique, parce que si c’est pour mettre en place une solution encore plus dure, encore plus autoritaire, ce serait une catastrophe ».

Trois interventions en moins d’un mois

Depuis la mi-décembre, la société tunisienne exprime son ras-le-bol du régime de Ben Ali. Le mouvement de contestation contre le chômage et le coût de la vie, porté par les jeunes de Sidi Bouzid, s’est propagée dans la société tunisienne, notamment dans la capitale Tunis et même à Hammamet, la célèbre destination touristique tunisienne, selon Le Nouvel Observateur. « Nous avons une liste nominative. On a recensé 58 morts depuis le début des troubles, hors Tunis. On vient de recevoir confirmation de 8 morts et 50 blessés dans la nuit dans l’agglomération de Tunis », a affirmé ce jeudi Souhayr Belhassen, la présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH). En milieu d’après-midi, le bilan s’est alourdi portant le nombre de décès à 67.

La crise socio-politique que traverse la Tunisie est telle que le président Zine El Abidine Ben n’a jamais été aussi présent dans les médias. Il est intervenu ce jeudi pour la troisième fois sur les antennes de la télévision nationale, après ses discours des 28 décembre et 10 janvier. Celui qui dirige d’une main de fer la Tunisie, depuis son accession au pouvoir en 1987, n’est pas un familier de l’exercice dans un pays où la liberté d’expression n’existe pas et où les droits de l’homme sont bafoués. Les promesses de ces derniers jours, notamment la création de 300 000 emplois, n’ont pas eu raison du ras-le-bol des Tunisiens du système Ben Ali.

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