Côte d’Ivoire : Chronologie des événements


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Depuis la tentative de coup d’État et l’insurrection qui a suivi en septembre 2002, la Côte d’Ivoire est coupée en deux. Le sud du pays est dirigé par un gouvernement et le nord est contrôlé par les rebelles. Plusieurs accords de paix et élections ont ponctué les années qui ont suivi. Cet article présente une chronologie des événements :

24 janvier 2003 : Sous l’égide de la France, l’accord de Linas-Marcoussis est signé par le gouvernement ivoirien, les principaux partis politiques et les rebelles des Forces Nouvelles. Il prévoit la création d’un nouveau gouvernement de réconciliation nationale, l’établissement d’un calendrier précis pour des élections nationales, une vraie campagne de désarmement et la restructuration des forces armées ivoiriennes.

20 mars 2003 : Un gouvernement de réconciliation nationale est formé avec des représentants des partis politiques d’opposition et des Forces Nouvelles ; Seydou Diarra est nommé Premier ministre de consensus. En 2000, Laurent Gbagbo est élu président pour un mandat de cinq ans.

13 mai 2003 : Le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 1479 qui crée la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (MINUCI). Dotée d’un mandat de six mois, elle a pour objectif de faciliter la mise en œuvre de l’accord de Linas-Marcoussis et du cessez-le-feu.

27 février 2004 : Le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 1528 qui établit l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) pour un an. Le contrôle des forces déployées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la MINUCI est transféré à la nouvelle mission : les Nations Unies et la force Licorne, composée de militaires français stationnés dans le pays depuis le début des hostilités en septembre 2002, assurent la coordination.

25 mars 2004 : À Abidjan, des dizaines de personnes trouvent la mort à la suite d’une marche organisée par les partis d’opposition, le Groupe des Sept, malgré l’interdiction officielle de manifester.

27 mars 2004 : Les Forces Nouvelles et les partis d’opposition annoncent leur retrait du gouvernement en signe de protestation contre le comportement brutal des forces de sécurité et des partisans de M. Gbagbo.

30 juillet 2004 : Les dirigeants d’Afrique de l’Ouest se rencontrent à Accra, la capitale du Ghana, et appellent les dirigeants des partis d’opposition à trouver un accord sur un calendrier de désarmement de la milice et des rebelles.

4 novembre 2004 : Les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) lancent l’« Opération Dignité » et déclenchent une offensive majeure contre les Forces Nouvelles dans le nord.

6 novembre 2004 : Neuf soldats français et un civil américain trouvent la mort lors du raid aérien mené par les forces aériennes ivoiriennes sur la base française de Bouaké. En représailles, les forces françaises lancent des frappes aériennes sur Yamoussoukro et Abidjan et détruisent la flotte aérienne, provoquant une vague de protestations anti-françaises à Abidjan.

Novembre 2004 : Le président sud-africain Thabo Mbeki est nommé médiateur en Côte d’Ivoire par l’Union africaine (UA).

15 novembre 2004 : Le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 1572, par laquelle il renouvelle son appui aux actions menées par l’ONUCI et aux forces militaires françaises et lance un nouvel appel à la paix.

6 avril 2005 : Le gouvernement, l’opposition et les représentants des Forces Nouvelles signent l’accord de Pretoria à la suite d’un mini-sommet présidé par M. Mbeki. L’accord réaffirme l’engagement en faveur de la paix, de la tenue d’élections et d’un désarmement général tout en condamnant les violations du cessez-le-feu.

29 juin 2005 : La Déclaration sur la mise en œuvre de l’accord de Pretoria est signée en Afrique du Sud sous les auspices de l’UA.

21 octobre 2005 : Le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 1633, qui proroge le mandat de M. Gbagbo pour une période n’excédant pas 12 mois, préconise le choix d’un nouveau Premier ministre acceptable par tous les partis, l’élaboration d’une feuille de route pour le désarmement et l’organisation d’élections libres et justes.

31 octobre 2005 : Les élections présidentielles sont annulées.

4 décembre 2005 : Charles Konan Banny, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), est nommé Premier ministre par intérim.

17 janvier 2006 : Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies, déplore « la campagne de violences orchestrée contre les Nations Unies » à la suite des attaques menées contre les bâtiments des Nations Unies à Abidjan et ailleurs et déclenchées par la proposition du Groupe international de travail (GIT) sur la Côte d’Ivoire de dissoudre l’Assemblée nationale.

12 juillet 2006 : Le parti du président, le Front populaire ivoirien (FPI), appelle au boycott des auditions relatives aux violences qui ont marquées les manifestations des Jeunes Patriotes (groupe de jeunes gens favorables à M. Gbagbo) contre les opérations d’identification.

6 octobre 2006 : Une rencontre extraordinaire des dirigeants du CEDEAO organisée à Abuja, au Nigeria, débouche sur des recommandations préconisant une feuille de route pour la paix en Côte d’Ivoire.

17 octobre 2006 : L’UA et le Conseil de sécurité des Nations Unies prorogent le mandat de M. Gbagbo d’une année, dans l’espoir que la feuille de route pour la paix soit mise en œuvre pendant cette période.

31 octobre 2006 : Les élections présidentielles sont annulées.

4 mars 2007 : M. Gbagbo et Guillaume Soro, le chef des rebelles, signent l’accord de paix de Ouagadougou sous l’égide du président burkinabé Blaise Compaoré. Le pacte établit un nouveau calendrier pour l’organisation d’élections en Côte d’Ivoire et la réunification du pays. M. Compaoré devient médiateur en Côte d’Ivoire.

11 avril 2007 : Un accord quadripartite destiné à supprimer la zone de confiance (ZDC) est signé par le gouvernement et les forces rebelles.
17 mai 2007 : Les milices pro-gouvernementales, principalement actives dans l’ouest du pays, commencent le désarmement.

29 juin 2007 : L’avion de M. Soro est attaqué à Bouaké. Quatre personnes trouvent la mort et plusieurs autres sont blessées, mais M. Soro est indemne. La mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire soutient dès lors son appel pour la mise en place d’une commission internationale indépendante qui enquêtera sur l’incident.

30 juillet 2007 : M. Gbagbo se rend à Bouaké à l’occasion de sa première visite sur le territoire des rebelles depuis le soulèvement de septembre 2002. Des responsables mettent le feu à une pile d’armes et déclarent que « la guerre est finie en Côte d’Ivoire ».

15 octobre 2007 : Les élections prévues en novembre 2007 sont suspendues lorsque le gouvernement annonce que l’identification et l’inscription des électeurs est incomplète.

27 novembre 2007 : M. Gbagbo et M. Soro signent un nouvel accord de paix à Ouagadougou. L’accord fixe la date des élections législatives et présidentielles à juin 2008 au plus tard.

15 janvier 2008 : Le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 1795, qui donne au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Côte d’Ivoire le pouvoir de certifier les élections.

14 avril 2008 : Le Conseil des ministres annonce que les élections présidentielles auront lieu le 30 novembre 2008 dans le cadre du plan de paix, tel que proposé par la Commission indépendante électorale (CEI).

Avril 2008 : Le Code de bonne conduite des partis ivoiriens est adopté.

30 juillet 2008 : M. Gbagbo se rend au quartier général des rebelles à Bouaké pour une cérémonie au cours de laquelle des armes sont à nouveau brûlées.

18 novembre 2008 : Les élections de décembre sont reportées.

14 mai 2009 : M. Soro annonce que les élections auront lieu le 29 novembre.

26 mai 2009 : Les rebelles qui contrôlent le nord du pays transmettent officiellement le pouvoir aux administrateurs civils chargés de restaurer le contrôle de l’État. Les rebelles conservent toutefois un pouvoir considérable sur l’économie locale et les forces de sécurité.

16 juin 2009 : La CEI propose d’organiser les élections en novembre ou décembre 2009.

8 août 2009 : Paul Yao N’Dré, ancien ministre de l’Intérieur de M. Gbagbo, est nommé président du Conseil constitutionnel alors que sa neutralité est remise en question.

16 octobre 2009 : La CEI annonce que les listes électorales provisoires ne seront pas prêtes avant un mois.

29 octobre 2009 : Le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte la résolution 1893, qui émet une mise en garde contre les violations répétées des droits de l’homme et renouvelle les sanctions contre la Côte d’Ivoire jusqu’au 31 octobre 2010.

14 novembre 2009 : La CEI confirme que les élections n’auront pas lieu le 29 novembre.

3 décembre 2009 : Les médiateurs du Burkina Faso fixent la date limite pour la tenue du scrutin au début du mois de mars 2010.
9 janvier 2010 : M. Gbagbo accuse le commissaire électoral Robert Beugré Mambé d’avoir illégalement inscrit les noms de 429 000 personnes à la liste électorale. Il ajoute qu’il n’existe aucune preuve que ces personnes soient d’origine ivoirienne.

11 février 2010 : L’inscription sur les listes électorales est suspendue.

12 février 2010 : M. Gbagbo dissout la CEI. Les partis d’opposition lancent un appel à la manifestation. Un groupe de coalition représentant les principaux partis d’opposition, le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), publie un communiqué déclarant qu’il ne reconnaît plus M. Gbagbo comme chef de l’État. Les élections sont à nouveau reportées.

15-20 février 2010 : Plusieurs personnes trouvent la mort lors d’affrontements entre les forces de sécurité et des manifestants anti-gouvernementaux, notamment à Gagnoa, au nord-ouest d’Abidjan.

22 février 2010 : M. Compaoré, président du Burkina Faso et médiateur, arrive à Abidjan.

23 février 2010 : Un nouveau gouvernement est nommé avec M. Soro au poste de Premier ministre, mais seulement 16 des 28 postes du gouvernement sont pourvus.

26 février 2010 : Une nouvelle commission électorale est établie. Elle est dirigée par l’ancien ministre des Affaires étrangères Youssouf Bakayoko, un haut responsable du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), un parti d’opposition. Le dirigeant de l’opposition met un terme aux manifestations et annonce que 11 postes ont été pourvus au sein du nouveau gouvernement, qui est composé de 27 membres.

22 juillet 2010 : M. Soro quitte la tête des rebelles des Forces Nouvelles pour se consacrer à l’organisation des élections.

5 août 2010 : M. Soro annonce que les élections auront lieu le 31 octobre. Il s’agit de la sixième date annoncée depuis 2005.

9 septembre 2010 : Pour la première fois, les trois principaux partis politiques s’accordent sur une liste électorale définitive. Les anciens rebelles se déclarent satisfaits de la liste, qui compte quelque 5,7 millions d’électeurs.

22 septembre 2010 : Les anciens rebelles reçoivent leur première prime de démobilisation.

28 septembre 2010 : Les Nations Unies votent l’envoi de 500 casques bleus supplémentaires pour venir en aide aux 8 500 casques bleus déjà présents dans le pays.

15 octobre 2010 : Le Conseil de sécurité des Nations Unies renouvelle l’embargo sur les armes et le commerce du diamant brut – en vigueur depuis 2004 – pour une période de six mois, mais lève l’embargo sur l’importation de matériel militaire « non meurtrier » nécessaire aux opérations de contrôle des foules. Les mesures concernant les sanctions financières et les restrictions de déplacement sont également renouvelées pour certaines personnes, notamment Charles Blé Goudé, le dirigeant des Jeunes Patriotes, un groupe de jeunes favorables à Gbagbo.

25 octobre 2010 : Le 29 octobre est déclaré jour férié afin de donner aux électeurs une dernière chance de récupérer leur carte d’identité et leur carte électorale. Selon le bureau du Premier ministre, 90 pour cent des cartes électorales ont été distribuées à Abidjan et 80 pour cent dans le reste du pays. Les Nations Unies parlent de 85 pour cent et 45 pour cent, respectivement.

27 octobre 2010 : La CEI annonce qu’elle va commencer la formation de quelque 66 000 agents de scrutin quatre jours avant le vote. Philippe Mangou, le chef d’état-major des forces armées, indique que 1 500 soldats faisant partie d’un contingent de 8 000 soldats ont été déployés afin de maintenir le calme. M. Mangou annonce que les frontières et les aéroports seront fermés en cas de violences postélectorales.

28 octobre 2010 : La Convention de la Société Civile ivoirienne (CSCI) évoque le racket qui a cours, selon des responsables de la commission électorale, dans les centres de distribution des cartes. Tandis que Reporters Sans Frontières évoque les « débordements inquiétants » des médias privés alors que la radio et la télévision d’État accordent un temps d’antenne disproportionné au président en exercice.

31 octobre 2010 : Les Ivoiriens votent aux élections présidentielles. Parmi les 14 participants, les trois principaux candidats sont : M. Gbagbo, l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, qui n’a pas pu participer aux précédentes élections en raison d’une polémique au sujet de sa nationalité (M. Ouattara a réaffirmé qu’il était de nationalité ivoirienne).

6 novembre 2010 : Le Conseil constitutionnel valide les résultats du premier tour des élections – les deux premiers candidats, M. Gbagbo (38 pour cent) et M. Ouattara (32 pour cent) s’affronteront au second tour.

7 novembre 2010 : M. Bédié demande aux dirigeants et aux partisans d’opposition de soutenir M. Ouattara au second tour.

28 novembre 2010 : Les Ivoiriens participent au second tour de l’élection.

30 novembre 2010 : L’annonce des premiers résultats par le porte-parole de la CEI est interrompue par un responsable de la CEI favorable à M. Gbagbo qui déchire des bulletins de vote et déclare plus tard que l’annonce était « illégale ».

2 décembre 2010 : La CEI annonce les résultats provisoires et déclare que M. Ouattara a reçu 54 pour cent des suffrages contre 46 pour cent pour M. Gbagbo. Le travail de la CEI est remis en cause par le Conseil constitutionnel. Son président, Paul Yao N’Dré, déclare à la télévision que la CEI n’a pas suivi les directives établies. M. Gbagbo ordonne la fermeture des frontières et suspend la diffusion des programmes des télévisions et radios internationales.

3 décembre 2010 : M. N’Dré invalide les résultats provisoires et déclare que M. Gbagbo a remporté l’élection avec 51 pour cent des suffrages contre 49 pour cent pour M. Ouattara. Le Conseil ne tient pas compte des votes dans sept départements du nord, des régions très favorables à M. Ouattara, en raison d’« irrégularités flagrantes ».

4 décembre 2010 : M. Gbagbo et M. Ouattara sont tous deux intronisés président à quelques heures d’intervalle.

5 décembre 2010 : M. Ouattara forme son gouvernement et nomme M. Soro Premier ministre. M. Gbagbo désigne comme Premier ministre le professeur Gilbert Marie N’gbo Aké.

7 décembre 2010 : M. Mbeki quitte la Côte d’Ivoire après deux jours de réunions qui n’ont apparemment abouti à un aucun accord. M. Gbagbo forme son gouvernement et nomme le dirigeant des Jeunes Patriotes Charles Blé Goudé au poste de ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, bien qu’il soit sous le coup de sanctions de l’ONU. Un sommet spécial de la CEDEAO à Abuja se déroule en l’absence de la Côte d’Ivoire : les États membres décident de suspendre la Côte d’Ivoire et de déclarer M. Ouattara vainqueur du scrutin présidentiel.

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