Côte d’Ivoire : le jour le plus long


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La publication des résultats du second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, devrait débuter aujourd’hui lundi. Un scrutin marqué par la violence et l’annulation du vote en France. Selon un bilan de l’Onu, trois personnes ont été tuées lors d’affrontements dimanche. Dans le même temps, les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir empêché des électeurs de voter dans certaines régions.

Au lendemain du second tour de l’élection présidentielle et à l’approche de l’annonce des résultats partiels du second tour par la Commission électorale indépendante (CEI), la Côte d’Ivoire retient son souffle. C’est en effet ce lundi après-midi à 15h GMT que la publication des résultats par la CEI devait débuter, un horaire qui n’a pas été respecté. Le scrutin, qui oppose le Président sortant Laurent Gbagbo de La majorité présidentielle (LMP) et l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la paix (RHDP), a, par rapport au premier tour du 31 octobre, été marqué une recrudescence des tensions et une baisse sensible de la participation. Selon L’Onu, trois personnes sont mortes dimanche lors de heurts survenus dans l’ouest du pays.

Si pour le Secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire (Onuci), YJ. Choi, le second tour « s’est tenu globalement dans un climat démocratique », l’apaisement aperçu lors du débat télévisé de jeudi n’a pas duré. Les Ivoiriens n’avaient pas fini de voter dimanche que les deux camps s’accusaient déjà de fraudes.

Le porte-parole de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan, a d’abord dénoncé « de graves irrégularités dans les zones encore sous contrôle des Forces nouvelles ». « Dans ces zones, le scrutin n’a été ni transparent ni sincère. Agressions, intimidations et menaces ont été plus nombreuses qu’au second tour », a-t-il affirmé.

L’imbroglio du couvre-feu

De son côté, le parti d’Alassane Ouattara a accusé les partisans de Laurent Gbagbo d’avoir empêché bon nombre de ses propres électeurs d’aller voter à Abidjan et dans le centre-ouest. Un responsable du parti, Marcel Amon Tanoh, a affirmé que le camp présidentiel avait également empêché certains de ses représentants d’être « effectivement présents dans les bureaux ». « Ces dysfonctionnements ont été constatés évidemment dans les zones forestières (centre-ouest) à forte concentration de baoulés, dans les zones des baoulés dans le centre, dans le district d’Abidjan, en particulier dans les communes de Yopougon ou Abobo », a-t-il précisé.
En France, comme au premier tour, la voix des 13 881 ressortissants ivoiriens ne sera pas entendue. Suite à la fermeture de certains bureaux de vote, le scrutin a en effet été annulé.

Les incertitudes liées à la question du couvre-feu ont certainement donné corps au climat de tensions qui règne actuellement en Côte d’Ivoire. Instauré samedi par l’actuel président Laurent Gbagbo, il avait, selon Alassane Ouattara, été levé dimanche matin. Une information vite démentie par Laurent Gbagbo lui-même. « J’ai appris que quelqu’un a annoncé la levée du couvre-feu. Je voudrais vous dire une chose : en Côte d’Ivoire, il y a une personne et une seule qui instaure la couvre-feu ou qui le lève, et cette personne c’est le président de la République, c’est moi », a lancé dimanche le chef de l’Etat après avoir voté à la Rivièra, dans la capitale Abidjan, tout en promettant des aménagements qu’il n’a pour le moment pas encore mis en place.

Symbole de la peur et des tensions ambiantes, les établissements publics et privés sont restés fermés lundi en Côte d’Ivoire, par mesure de prudence.

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