Côte d’Ivoire : chaude ambiance chez les ouattaristes


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Réparation de la porte du siège

Cap sur Cocody-centre, à Abidjan, au siège du PDCI-RDA, le parti de Henri Konan Bédié qui s’est associé pour le second tour de l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire avec le leader du RDR, Alassane Ouattara, au sein du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Les électeurs départageront Alassane Ouattara et le président sortant Laurent Gbagbo dimanche prochain.

De notre correspondante

Au siège du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix, l’ambiance est à la fête ce mardi 23 novembre. Des jeunes habillés en tee-shirt RHDP chantent à tue-tête. Des étals installés ici et là proposent des articles divers aux visiteurs. Des tee-shirts, casquettes, photographies du candidat RDR, Alassane Ouattara, en compagnie de personnalités dont le pape Jean Paul II, Nelson Mandela, et le premier président ivoirien Félix Houphouet Boigny.

Plus loin, dans une salle, une conférence de presse attire notre attention. Des jeunes gens qui auraient quitté le parti de La majorité présidentielle (LMP) instruisent des journalistes sur leur choix. Les journalistes pas du tout convaincu de la véracité des propos de S.T., l’un de ces nouveaux militants, le mitraillent de questions. Visiblement déstabilisé, le nommé S.T. n’a d’autres options que se fondre dans la nature.

Dans une autre salle, des dignitaires du bureau politique du Pdci sont en réunion. Rien ne filtrera de cet entretien. A leur sortie, ils s’engouffrent dans leurs berlines avant de quitter rapidement les lieux. Tiémélé Edjampan, Kablan Duncan et plusieurs autres font de même.

« Je pourrais même y laisser ma vie »

Désormais nos interlocuteurs directs sont les militants. Par groupes de dix ou un peu plus, ils s’affairent, et commentent sur les titres des journaux. « Gbagbo a envoyé 1500 soldats sur toute l’étendue du territoire. Mais il n’a rien vu. On va s’opposer sur le terrain. Ces loyalistes vont lui revenir très vite » commentent-ils. Parmi ces militants passionnés, Aicha et sa cousine. Elles sont arrivées de la commune de Marcory ett viennent d’acheter cinq tee-shirts à l’effigie de leur candidat à 1000 francs CFA l’unité. Elles comptent les distribuer, ainsi que des gadgets, à son QG de Marcory. Kanté, un autre militant, lui déconseille vigoureusement de porter ces tee-shirts aux endroits où elle pourrait rencontrer les militants LMP. Ces derniers pourraient s’en prendre à elle, prévient-il. A l’inquiétude de Kanté, répond la détermination d’Aicha. « L’heure n’est plus à la peur. Le combat est trop important et je pourrais même y laisser ma vie », affirme-t-elle.

Nous nous approchons davantage du groupuscule qui converse. Parmi eux, Doumbia qui partage l’avis d’Aicha. Trente-quatre ans, topographe au ministère de la Construction, il passe le plus clair de son temps au QG du RHDP et à la rue Lepic, au siège du Rassemblement des Républicains (RDR). Doumbia, originaire de Madiani à la frontière de la Guinée, pense que « Allassane Outtarra doit devenir le prochain président de la Côte d’Ivoire pour laver l’affront que les nordistes ont subis ». « Même s’il arrivait que Alassane Ouattara ne soit plus vivant, nous voterons pour tout autre nordiste », assure-t-il.

Réparation de la porte du siège

« Plus personne ne sortira, plus personne n’entrera »

Pendant que les uns et les autres vantent les qualités d’Alassane Ouattara, une dame s’approche nerveusement du groupe : « Dites-moi, c’est à vous que je dois m’adresser ? Parce que je suis passée ici acheter des gadgets pour rentrer à Dadoukro (ville d’origine de Henri Konan Bédié), je dois partir maintenant à la gare, et il se trouve qu’on m’empêche de sortir ». Nous entendons au même moment un grand bruit au niveau de la sortie. Quand nous nous rapprochons, nous constatons avec étonnement que les agents de sécurité que nous avons rencontrés à l’entrée du siège du parti se sont transformés en ravisseurs. « Nous n’avons pas mangé depuis ce matin et personne ne vient à nous. Il est midi passé, et depuis rien. C’est la raison pour laquelle nous avons séquestré tout le monde. Plus personne ne sortira, plus personne n’entrera », nous déclare le chef d la sécurité.

Ne dit-on pas que ventre affamé n’a point d’oreille ? Pendant plus d’une heure nous restons enfermés dans l’enceinte. Très remonté, un militant du RDR résidant à Abobo, bastion du parti, lance : « Nous allons rentrer à Abobo et laisser la FESCI[[Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire, proche de Laurent Gbagbo]] vous faire la peau ! »

Après que ces menaces ont été proférées, un véhicule arrive, le coffre rempli de pains. Les commis à la sécurité se ramollissent à la vue des baguettes et ouvrent le portail qu’ils ont endommagé à force de l’avoir poussé. Quelques minutes plus tard, ils entreprennent de le réparer sous l’œil médusé des propriétaires du bâtiment, les militants du PDCI-RDA. Plus que cinq jours avant de pouvoir vérifier si leur union avec le RDR a porté ses fruits.

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