Hommage à Mangala


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Mangala Camara, sans doute l’un des plus grands artistes du Mali, s’en est allé le 29 septembre dernier. Il avait 50 ans. Et partout des éloges, malheureusement posthumes. Il retrouve toute sa stature… une fois mort.

Par Marianne Faucon (Saint-Denis, France)

Que dire d’un monde qui laisse bon nombre sur le bord de la route et qui revient vers eux lorsqu’ils ne sont plus pour leur rendre grâce des bienfaits apportés.

Pourquoi faut-il attendre la mort pour honorer les vivants ? La question se pose d’autant plus cruellement pour les artistes et notamment pour les artistes africains. Porte-drapeau de toute une nation, parfois de tout un continent, ils sont souvent considérés comme faisant partie des meubles. Des meubles que l’on voit sans voir, que l’on voit sans regarder. Alors qu’ils sont parmi les grands gardiens de l’âme africaine et dégagent toute la force d’une éducation humaniste.

L’artiste est de ceux qui dérangent de par la raison même de l’art. Construire et reconstruire, créer et recréer… Ce sont eux qui sans cesse « secouent » le vieux monde pour qu’il se regarde et se décide à abandonner des règles obsolètes pour donner naissance aux inspirations qui porteront la vie. Mangala était de ceux-là.

Nous avons besoin de la musique, de la peinture, de la danse et des poètes inspirés pour vivre et nous aider à faire grandir nos enfants dans l’amour de la vie. Alors n’attendons pas demain pour reconnaître leur valeur.

J’ai eu la chance de connaître personnellement Mangala, de côtoyer à la fois l’homme et l’artiste. « Il faut revenir vite, c’est ici que le combat continue… » Ce sont les dernières paroles qu’il m’a dites alors que je m’éloignais ce soir-là pour rejoindre l’avion qui devait me reconduire en France. Paroles furtives lâchées par impatience où conseil d’un sage qui appelle ses semblables à porter le flambeau ? Tout en lui était réfléchi pour célébrer la vie. Mangala Camara s’en est allé, mais il nous laisse son inspiration en héritage et de nombreux émules prêts à suivre ses traces.

En éloge à la diversité qu’il affectionnait tant, nous nous retrouverons tous le 5 novembre à Saint-Denis dans la salle de spectacle de la Maison des Jeunes. Cette rencontre sera l’occasion de vous présenter des créatifs et des militants associatifs qui œuvrent pour défendre des valeurs humanistes.

 Marianne Faucon (Saint-Denis, France)

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