La BAD se donne les moyens de ses ambitions


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Le 45ème sommet de la Banque africaine de développement (BAD) s’est tenu du 27 au 29 mai en Côte d’Ivoire. Il aura été l’occasion pour le principal prêteur du continent de tripler son capital. Cet argent servira en priorité à financer de grands projets d’infrastructures. Le rapport de la BAD publié en marge du sommet montre que le continent résiste bien à la crise économique mondiale.

La banque africaine de développement (BAD) prend de l’envergure. Ses ressources passent de 33 à 100 milliards de dollars après la décision phare de son 45ème sommet : tripler le capital de la plus grande institution de financement du développement du continent. Les grandes infrastructures, le secteur privé, les nouvelles technologies et l’enseignement supérieur seront les principaux bénéficiaires de cette augmentation de 200% du capital de l’institution.

Le président du conseil des gouverneurs de la BAD, le ministre ivoirien du Plan Paul-Antoine Bohoun Bouabré, a vu une « décision importante » dans ce triplement du capital. « Nous décidons de donner les moyens à la banque de réaliser ses missions historiques » a-t-il estimé.

Le président de la BAD, Donald Kaberuka, a quant à lui qualifié cette décision, qui permettra à la banque africaine de lever plus de fonds sur les marchés, de « marque de confiance en une Afrique renaissante ». Il a sans surprise été reconduit dans ses fonctions pour un mandat de cinq ans par les gouverneurs représentant 53 pays africains et 24 actionnaires non-africains. Le Rwandais était le seul candidat en lice.

Cela faisait dix ans que l’assemblée annuelle de la Banque africaine de développement ne s’était pas réunie en Côte d’Ivoire. Les gouverneurs ont réaffirmé que le siège de la BAD reste à Abidjan, mais ont estimé que la situation du pays ne permettait pas encore le retour de l’institution en Côte d’Ivoire. Ils ont étendu la période de relocalisation temporaire de la BAD à Tunis pour 12 mois supplémentaires à partir du 3 juin. La situation sera réexaminée lors de l’assemblée annuelle de 2011.

Le continent résiste à la crise économique mondiale

Avant la crise financière et économique, il était prévu que l’augmentation de capital intervienne en 2013. Avec la crise, de nombreux pays africains ont manqué de liquidité et les demandes en financement se sont multipliées. En Afrique, la BAD dépasse aujourd’hui la Banque mondiale en termes d’aides aux financements.

En marge de ce sommet, la BAD, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) et la CEA (Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique) ont rendu publique l’édition 2010 des perspectives économiques africaines. 80 pour cent des 50 pays africains couverts par le rapport annuel 2009 ont enregistré une croissance positive malgré la crise économique mondiale.

«La bonne nouvelle, c’est que le continent a fait preuve de résilience face à la crise, a déclaré Henri-Bernard Solignac-Lecomte, chef du bureau Europe, Afrique et Moyen-Orient au Centre de développement de l’OCDE. La mauvaise nouvelle, c’est que, malgré la relance de la croissance prévue, le ralentissement pourrait rendre plus difficile pour certains pays africains l’atteinte des objectifs de développement pour le millénaire visant à réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté d’ici 2015».

Le commerce pourrait être mis à mal

Le rapport annuel de la BAD prévient toutefois que la crise pourrait mettre à mal le commerce, en raison d’une baisse des prix des matières premières et d’une demande moindre provenant des pays développés. De nombreuses industries d’exportation risquent de s’effondrer en Afrique sub-saharienne. Les envois de fonds des travailleurs, le financement du commerce et les investissements directs étrangers pourraient également tarir.

Néanmoins, la réorientation des échanges vers les marchés émergents, les réformes macroéconomiques et l’allégement de la dette font que l’Afrique est mieux placée pour surmonter la crise qu’il ya 10 ans, indique le rapport, qui prédit une reprise progressive des économies africaines, avec une croissance moyenne atteignant 4,5% en 2010 et 5,2% en 2011. L’Afrique du Sud, durement touchée en 2009, mettra plus de temps à se remettre sur pieds que les autres régions du continent. L’Afrique de l’Est, qui a le mieux résisté à la crise, devrait quant à elle atteindre une nouvelle fois le plus fort taux de croissance des pays africains en 2010-2011.
Selon le président Kabereka, c’est « comme si l’ensemble du continent avait été soumis à un test d’endurance – et il l’a réussi. »

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