Le Maghreb des livres prend le pouls de la littérature algérienne


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La 16ème édition du Magheb des livres, qui se tient les 6 et 7 février à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) à Paris, met les lettres algériennes à l’honneur. L’occasison de décourir une nouvelle génération d’auteurs algériens en quête de sens après la décennie de folie meurtirère qu’a traversée leur pays.

Existe-t-il une littérature d’après guerre civile en Algérie ? Les années de terreur ont-elles enfanté d’une nouvelle génération d’auteurs, ouvert des horizons littéraires nouveaux ? Tout ce que vous voulez savoir sur la littérature algérienne d’aujourd’hui, sans peut-être avoir jamais osé le demander, vous sera dévoilé au Maghreb des livres. L’édition 2010 de la manifestation littéraire, organisée par l’association Coup de soleil et qui se tient les 6 et 7 février à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) à Paris, met les lettres algériennes à l’honneur.

On ne peut pas parler d’Algérie sans évoquer Kateb Yacine, le père de Nedjma, Rachid Mimouni, le témoin désabusé et chroniqueur acerbe des dérives de la révolution de novembre 1954, ou encore l’ « étranger » Albert Camus, et sa quête sans fin d’une raison de vivre. Le Maghreb des livres rend hommage à ses grandes figures disparues de la littérature algérienne, à travers des lectures que donneront dimanche de jeunes comédiens de la compagnie théâtrale « HasArts ». Mais place surtout aux nouvelles plumes qui se recherchent, elles aussi, une raison d’exister. Place à Habib Ayyoub, le scribe des sans-grades, qui viendra signer son dernier roman L’homme qui n’existait pas(Barzakh éditions, Algérie) ; Amin Zaoui, l’ancien directeur de la Bibliothèque nationale d’Algérie, qui présentera sa mystérieuse Chambre de la vierge impure(Fayard) ; ou encore Djamel Mati qui vous invite à plonger dans son récit en déséquilibre incertain entre « beaux rêves et horribles cauchemars », l’inquiétant L.S.D (Alpha éditions, Algérie).

Le « Nouveau roman » algérien arrive

A ne pas rater : le débat prévu dimanche après-midi sur le thème « Les « années noires’’ en Algérie ont-elles suscité une nouvelle génération d’écrivains ? ». Lynda-Nawel Tebbani, une jeune doctorante en littérature qui prend part à la table-ronde, n’en doute pas un instant. Elle y viendra d’ailleurs défendre sa théorie sur le « Nouveau Roman » algérien. La chercheure constate un changement de style par rapport aux années 90. « A cette époque la littérature était là juste pour témoigner de la guerre civile, comme une sorte de travail documentaire, explique-t-elle. Certes, on en parle toujours aujourd’hui, mais l’enjeu a changé. Il est davantage dans le personnage, le style, la poétique. L’écrivain est là pour questionner au cœur même de son roman, le roman qu’il écrit. Il veut dire à travers son questionnement qu’il a envie de faire quelques chose d’autre que ce qui a été écrit.»

Le Nouveau Roman algérien sera aussi sensuel: « la génération actuelle n’a pas non plus peur de s’approprier le corps. Le dernier roman d’Amin Zaoui, La Chambre de la vierge impure, a été qualifié par les journalistes de sulfureux parce qu’il n’y a pas de présence réelle de la guerre civile. Par contre, il y a une vraie appropriation subjective du corps. On sent qu’il est vraiment libéré. » Pour Lynda N. Tebbani, la littérature algérienne est en train de vivre un renouveau esthétique : « il faut laisser sa chance à cette génération. Il y a quelques chose qui es en train de se passer.»

Le Maghreb des livres, c’est l’Algérie mais aussi le Maroc et la Tunisie. La manifestation compte rassembler près de 130 auteurs venus de tout le Maghreb, de France et du Canada pour prendre part aux séances de dédicaces, cafés littéraires, entretiens, projections.. prévues tout au long du week-end. Un week-end qui s’annonce riche en palabres et en lectures.

 Programme du Magheb des livres sur le site Internet de l’association Coup de Soleil

 Le Maghreb des livres les 6 et 7 février à la CNHI, palais de la Porte-doré 293 avenue Daumesnil, Paris 12ème. Métro : Porte-dorée, sortie 1

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