Hervé Bourges : « la Francophonie jouera son rôle quand les Français s’y intéresseront »


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Hervé Bourges

Le Prix francophone de la liberté de la presse, qui distingue le meilleur reportage d’actualité traitant des droits de l’Homme, sera remis dans les catégories radio et presse écrite ce dimanche à Québec. Le Canada accueille depuis vendredi le XIIe Sommet de la Francophonie. Entretien avec Hervé Bourges, le président du jury du prix.

Hervé BourgesRadio France International (RFI) et Reporters sans frontières (RSF) ont organisé en partenariat avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) un concours de journalisme ouvert à 41 pays francophones. Le Prix francophone de la liberté de la presse, qui en est à sa 8e édition cette année, récompense le meilleur reportage d’actualité traitant des droits de l’Homme dans deux catégories : presse écrite et radio avec le Prix Jean Hélène. Le concours est ouvert à 41 pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (à l’exception des Etats membres de l’Union Européenne, du Canada, de la Suisse, de Monaco et d’Andorre [[Albanie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Cap-Vert, République centraficaine, Comores, Congo, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Dominique, Egypte, Gabon, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Haïti, Laos, Liban, Macédoine (ARY), Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Moldavie, Niger, Rwanda, Sainte-Lucie, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Seychelles, Tchad, Togo, Tunisie, Vanuatu et Viêt-nam.]] Les lauréats recevront leur prix, doté de 5 000 euros, ce dimanche à Québec, en marge du XIIe Sommet de la Francophonie.

Afrik.com : Vous êtes pour la 3e fois président du jury du Prix francophone de la liberté de la presse. Sur quels critères récompenserez-vous les lauréats, ce dimanche à Québec ?

Hervé Bourges : Ce prix est attribué par Radio France International, Reporters sans frontières et l’Organisation internationale de la Francophonie. Un appel à candidatures a été lancé sur les ondes de RFI en presse écrite et radio. Une centaine de candidats y ont répondu. Nous avions instauré une catégorie dessin lors de la précédente édition, mais cette fois-ci nous n’en avons retenu que deux. Le jury s’est réuni sous ma présidence au siège de RFI à Paris. Nous nous sommes prononcés en fonction de la qualité des œuvres, du talent de leur auteurs, de l’intérêt du sujet et de leur liberté de ton. Les prix seront remis en présence de Mme Michaëlle Jean, gouverneure générale du Canada, et de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’OIF.

Afrik.com : C’est important pour la Francophonie de défendre la liberté de la presse au moment où des journalistes comme Moussa Kaka sont arrêtés, et heureusement aujourd’hui mis en liberté provisoire ?

Hervé Bourges : Je n’ai pas fait de déclaration officielle mais nous nous sommes battus contre la détention illégitime de Moussa Kaka, d’autant plus que le Niger est un pays relativement démocratique avec une presse libre. Une raison supplémentaire de s’étonner de cette dérive. Nous continuerons de nous battre pour la liberté de la presse. Ce concours est une illustration de ce combat parce qu’il constitue une opportunité, notamment pour les jeunes, de s’exprimer librement.

Afrik.com : Quelle est aujourd’hui la place de la Francophonie, quand on s’interroge tant sur son rôle en France ?

Hervé Bourges : J’ai fait récemment un rapport sur la Francophonie où je soulignais que la Francophonie et l’OIF manque de visibilité. En France, on se désintéresse de la Francophonie alors même que le 20 mars dernier, Journée internationale de la Francophonie, les autorités françaises rappelaient que la Francophonie faisait partie intégrante de la diplomatie française. Par ailleurs, la Francophonie a été récemment inscrite dans la Constitution française. Ce qui est évidemment une très bonne chose. A partir du moment où les Français s’intéresseront à la Francophonie, elle jouera son rôle. La Francophonie, c’est une langue, une culture, des valeurs, mais aussi un moyen de pression. A l’Unesco, c’est le poids de la Francophonie qui a permis lors des débats sur l’Exception culturelle de parvenir à un accord accepté par tous, à l’exception des Etats-Unis, reconnaissant la singularité du produit culturel.

Consulter:

Sur le site de l’OIF, l’espace consacré au XIIe Sommet de la Francophonie

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