France : 148 tombes de soldats musulmans profanées


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Le conservateur du musée des cimetières, David Bardiaux a révélé, hier à l’AFP, que des tombes musulmanes du cimetière militaire Notre-Dame de Lorette, près d’Arras, dans le nord de la France, ont été profanées. Une récidive unanimement condamnée.

La profanation des tombes musulmanes du cimetière militaire Notre-Dame de Lorette intervient une année après les dégradations avec des inscriptions nazies, notamment des croix gammées aux couleurs rouge et noir perpétrées dans la nuit du 18 au 19 avril de l’année dernière, sur pas moins de 52 tombes. Sur ces dernières tombes étaient inscrits des slogans chers aux nazis tels «Heil Hitler» et «Skinhead is not dead». Les deux auteurs de ces actes, âgés de 18 et 21 ans, avaient été condamnés à 2 ans de prison, dont un avec sursis alors qu’un mineur de 16 ans, à 7 mois de prison dont 5 mois et demi avec sursis.

Le procureur de la République d’Arras a estimé le nombre de tombes dégradées, dans la nuit de samedi à dimanche, à 148. Le cimetière en question, situé sur la commune d’Ablain-Saint-Nazaire, est la plus grande nécropole militaire de France et où sont commémorés les combats meurtriers de 1915, à l’un des endroits les plus disputés du front occidental, au début de la Première Guerre mondiale. Dans ce site reposent quelque 40.000 soldats, et on dénombre dans le carré musulman, 576 tombes orientées vers La Mecque.

M. Bardiaux a, également, précisé qu’une centaine de gendarmes ont investi, hier matin, le cimetière pour faire des relevés et l’accès au site était interdit. Indigné suite à ces actes, M. Bardiaux a déclaré: «c’est inadmissible, invraisemblable, le cimetière n’est pas fermé, il n’est pas besoin d’être courageux pour venir faire ça».

Les musulmans de France, le gouvernement, l’opposition, les associations anti-racistes indignés

Au registre des réactions, le Président français, Nicolas Sarkozy, à travers un communiqué de la Présidence, a dénoncé ces actes ayant ciblé 136 tombes exclusivement d’anciens soldats français musulmans enterrés dans le carré musulman de la nécropole nationale, en les qualifiant de «racisme le plus inadmissible qui soit». Tout en partageant la douleur de la communauté musulmane de France, le chef de l’Etat français a souligné que «cet acte odieux porte aussi atteinte à la mémoire de tous les combattants de la Première Guerre mondiale, au-delà des confessions de chacun».

De son côté, le Premier ministre, François Fillon, tout comme la ministre de l’Intérieur, ont exprimé, le même jour, leur «indignation» et «condamné avec la plus grande fermeté ces actes de profanation». Le communiqué de Matignon précise également que la justice a été saisie et les auteurs de ces actes seront poursuivis.

Le procureur de la République d’Arras, Jean-Pierre Valensi, va plus loin en déclarant que «les inscriptions visent directement l’Islam et la ministre de la Justice Rachida Dati, d’origine maghrébine», en ajoutant qu’une tête de porc a même été suspendue à l’une des tombes. De son côté, l’opposition socialiste a fait part de «sa colère et son indignation» et demandé «une enquête efficace suivie de sanctions exemplaires».

Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) a jugé que cette profanation est «un acte inquiétant révélateur d’un mal qui s’installe et qui s’enracine dans une certaine impunité».

Dans le camp de la communauté musulmane, la première réaction vient du président régional du culte musulman Bahssine Saaidi qui a déclaré à la presse: «on se doit de travailler ensemble» pour «arrêter ce problème de racisme». Enfin le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubaker, a dénoncé «un geste odieux, scandaleux», perpétré par «des gens minables qui ne méritent que le mépris et la condamnation nationale».

Par Salah C. pour Le Quotidien d’Oran

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