Internet en Algérie : révolution au pays du bidon d’huile à 1.000 dinars


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Le marché de l’Internet et celui des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) est en plein essor en Algérie. Jamais auparavant «la toile» n’a suscité autant d’intérêt des pouvoirs publics, alors que le pays était leader dans les années 70-80 dans les nouvelles technologies.

Comparativement au Maroc et à la Tunisie, les universités algériennes étaient déjà, dans les années 80, raccordées aux réseaux américains et européens. Le secteur connaîtra un brusque déclin à la fin des années 80 et jusque vers la fin des années 90. C’était la politique de l’époque. L’Internet reprendra ses droits vers la fin du siècle dernier, mais avec un fossé énorme face à nos voisins, mais surtout aux Européens et Américains.

A titre d’illustration, l’Internet Haut débit, ou l’ADSL n’a fait son entrée en Algérie qu’au cours de ces trois dernières années, alors qu’au Maroc, la TV par ADSL a été introduite en 2006 avec la coupe du Monde au profit des internautes marocains. En Algérie, le réseau «Anis» devrait être prolongé par la TV par ADSL mais, le retard dans ce projet ne peut être que constaté, une fois de plus. L’introduction de l’ADSL en Algérie a, cependant, eu des effets positifs sur la demande et la configuration d’un nouveau marché des TIC. Le terme ADSL signifie Asymmetric Digital Subscriber Line, alors que dans les pays francophones ce terme est parfois remplacé par LNPA qui signifie Ligne Numérique à Paire Asymétrique. Ce système permet de faire coexister sur une même ligne un canal descendant (downstream) de haut débit, un canal montant (upstream) moyen débit ainsi qu’un canal de téléphonie (appelé POTS en télécommunication qui signifie : Plain Old Telephone Service).

La généralisation de l’ADSL2 en Algérie à partir de l’été 2007 – en fait le service «Anis» de Djaweb – va redonner plus de tonus à l’Internet qui va encore renforcer sa présence dans les foyers algériens. Bien sûr, l’ADSL va introduire de nouvelles fonctionnalités et surtout, de nouveaux produits qui vont changer la configuration des télécommunications domestiques. Outre l’aspect didactique, scientifique ou tout simplement culturel de l’Internet, il y a également, et cela a pesé sur le choix des ménages, la voix sur IP (VOIP), qui permet aux Algériens de se parler d’un bout à l’autre de leur ville ou de la planète, sans débourser un «rond», tout en ayant le confort de se regarder via une Webcam.

Le prix d’un abonnement à l’Internet égal à celui d’un bidon de 5 litres d’huile végétale

A n’en pas douter, les efforts techniques et les énormes investissements mis en oeuvre par Algérie Télécom ont indéniablement apporté un plus à la généralisation des TIC et plus particulièrement l’adoption de l’Internet par les ménages algériens. C’est, en soi, une petite révolution dans un pays où le bidon de 5 litres d’huile végétale coûte dorénavant le prix d’un abonnement à l’Internet avec un débit de 128 MégaBytes. Selon M. Boudjemaa Haïchour, ministre de la Poste et des TIC, l’Algérie a consacré plus de 24 milliards de DA, dans le cadre du Plan de soutien à la relance économique, au développement du secteur des télécommunications. Plus de 16 milliards de DA ont été dégagés pour le développement des infrastructures et 50 milliards de DA pour couvrir l’ensemble des activités du secteur», a précisé dans une de ses sorties sur le terrain le ministre.

En Algérie, le nombre d’abonnés au réseau téléphonique mobile dépasse les 7 millions et celui des internautes est estimé à 1,5 million. Selon le Dr Haïchour, il y a 11.148 établissements scolaires connectés à Internet. En outre, près de 4.045 cybercafés, sur l’ensemble du territoire national, dont 1 700 sont connectés, selon M. Nouar Harzallah P-DG de l’Eepad, à l’Adsl ou l’Internet à haut débit. Selon l’Union internationale des Télécommunications (UIT), il y a près de 11,2 millions d’utilisateurs de l’Internet dans les pays arabes, soit un taux de pénétration de 3,7 %. Cette communauté d’internautes est desservie, selon les spécialistes de l’UIT, par plus de 36 opérateurs de réseaux de communication de données et près de 300 fournisseurs de services internet.

Comparativement aux pays européens, l’Internet dans les pays arabes en général, et en Algérie en particulier, reste encore «balbutiant» dans la mesure où il se limite actuellement à la consultation et, sporadiquement, à des téléconférences scientifiques. Les nouveaux produits de l’Internet, comme le commerce électronique, l’assistance et le téléenseignement, par exemple, restent encore inexplorés, alors que la TV par ADSL reste, comme c’est le cas en Algérie, encore inconnue.

Un fait doit être reconnu : même si le Web a fait sa révolution en Algérie, il lui reste encore à remporter des batailles décisives, comme sa généralisation à travers des prix d’abonnement plus attractifs et à la portée de toutes les bourses, et non un produit plus ou moins élitiste comme c’est le cas actuellement. Car le Très haut débit, qui permet des téléchargements importants, particulièrement les ouvrages ou les gros fichiers, reste encore inaccessible pour les familles modestes qui ont fait le choix d’introduire la Toile dans leurs foyers. Un sacrifice financier important par ces temps de hausses vertigineuses, car sur les 6 millions d’ordinateurs promis dans le cadre de l’opération Ousratic, seulement 200.000 ont été financés par les banques. L’opération marque le pas, au moment où les NTIC «cassent» pratiquement tous les tabous en Algérie. Le nouveau groupement de Providers (fournisseurs d’accès Internet, FAI) est-il en mesure de faire avancer encore plus la révolution du Worldwideweb?

Par Ali Babès, pour Le Quotidien d’oran

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