Brahim Djahlat fait le trait d’union entre les Villejuifois


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Brahim Djahlat se présente en indépendant lors des élections municipales françaises des 9 et 16 mars. Le gérant d’auto-école d’origine algérienne espère bien séduire les habitants de Villejuif avec un programme résolument axé sur la jeunesse, qu’il estime avoir été délaissé par les communistes. Interview.

La jeunesse d’abord ! C’est un peu le slogan qu’aurait pu choisir Brahim Djahlat, candidat indépendant aux élections municipales françaises, dont le premier tour se déroule ce dimanche. Ce gérant d’auto-école d’origine algérienne est bien décidé à donner la priorité à ceux qu’il estime avoir été délaissés par la municipalité communiste. Le dynamique quarantenaire, qui s’est lancé dans la course il y a deux mois, revient sur ses aspirations et les raisons de son engagement politique pour Villejuif, où il vit depuis 1979.

Afrik.com : Pourquoi vous présentez-vous aux municipales ?

Brahim Djahlat :
Je constate, avec regret, que les réalités du terrain échappent de plus en plus à nos élus. En effet, force est de constater que certaines priorités semblent avoir été reléguées au second plan, comme la jeunesse, le cadre de vie et le travail.

Afrik.com : Pourquoi avoir choisi le nom de liste « Trait d’union » ?
Brahim Djahlat :
Tout comme ce petit caractère qui relie deux mots différents pour en faire un nouveau, Trait d’union se veut être une liste d’union et de rassemblement entre personnes de sensibilités politiques et de générations différentes autour d’un projet commun, singulier, innovateur et surtout ancré dans le réel.

Afrik.com : Quel bilan faites-vous des années de municipalité communiste ?

Brahim Djahlat :
Villejuif est communiste depuis que le communisme existe. Ce n’est pas un mal en soi, mais leur vision des choses n’est pas forcément partagée par tout le monde. La preuve en est qu’à la dernière élection la liste PC/PS est passée avec 5 000 voix alors que la ville comptait 24 000 inscrits. Les reproches qui leur sont faits sont entre autre les points que j’évoque dans le programme de « Trait d’union ».

Afrik.com : Votre programme est très axé sur les jeunes. Pourquoi ?

Brahim Djahlat :
Les jeunes, que je vois tous les jours de part mon travail, représentent effectivement une grosse priorité, notamment en ce qui concerne l’emploi. A 16 ans, ceux qui ont laissé tomber l’école traînent dans le quartier. A 20-22 ans, ils ne font toujours rien et commencent à se sentir mal. Alors à 25 ans ils cherchent un emploi et deviennent manutentionnaires. Je veux donner un coup de pouce à ces jeunes pour qu’à 16-17 ans ils se réveillent et fassent un travail qui les intéresse.

Afrik.com : Que proposez-vous pour eux ?

Brahim Djahlat :
L’idée est de rendre les formations accessibles. D’où l’idée d’une « Maison de l’emploi », qui pourrait d’ailleurs porter un autre nom. Cette structure regrouperait l’ANPE (agence nationale pour l’emploi, ndlr), les Assedics (assurance chômage, ndlr) et les organismes de formation pour éviter d’avoir à disperser les jeunes de gauche à droite : lorsqu’ils sont peu motivés, qu’ils arrivent dans un lieu et qu’on les renvoie vers un autre un peu plus loin, ils baissent les bras. Par ailleurs, j’aimerais créer des partenariats avec des écoles étrangères pour permettre aux jeunes de partir. Plus jeune, j’ai voulu partir en Angleterre et on m’a dit qu’il n’y avait que les écoles privées, qui sont très chères. J’ai pris mon sac à dos et j’ai découvert sur place que des écoles publiques prenaient gratuitement les Européens. Et ça, peut de gens le savent. En ce qui concerne la musique, j’aimerais que lorsqu’un groupe vient se produire sa première partie soit assurée par des jeunes. Ça les valorise et je pense que les artistes n’ont rien contre.

Afrik.com : Pourquoi vous présenter en indépendant ?

Brahim Djahlat :
C’est pour démontrer aux gens qu’il n’est pas nécessaire de faire partie d’un grand groupe politique pour se faire entendre. Et j’espère que dans six ans mon aventure donnera envie à d’autres de se lancer.

Afrik.com : Vous avez expliqué dans une interview au Parisien que vous avez été victime de « paternalisme méprisant » de la part de certains politiques. Pouvez-vous préciser ?

Brahim Djahlat :
J’ai l’impression que c’est un peu plus typique de la gauche. Elle se dit : « On s’est occupé des immigrés, maintenant on va s’occuper de leurs enfants ». Ils ont du mal à voir ces enfants comme des Français à part entière. Quand je me suis présenté, on m’a demandé si c’était une liste beur et après on m’a demandé si je pouvais plutôt m’occuper d’une association. Ils n’ont pas plus de compétence que moi et je ne vois pas pourquoi je devrais jouer un rôle de subalterne ou un rôle de grand frère ! Le parti socialiste et le parti communiste m’ont tous deux tenus de tels propos. Je leur ai déjà dit que Sarkozy a beau être un drôle de loustique il a placé des gens avec un nom à consonance étrangère dans son gouvernement. La gauche répond qu’il nous utilise mais au bout d’un moment je dis qu’il faut arrêter de se moquer des gens, s’ouvrir aux autres et joindre les actes aux paroles.

Afrik.com : Comment vous faites-vous connaître ?

Brahim Djahlat :
Pour avoir toujours vécu à Villejuif, je pense bien connaître la ville et encore mieux ses habitants. En effet, ma profession me permet d’être plus de 50 heures par semaine, et ce depuis des années, au contact des Villejuifois de tous horizons. Sinon, j’utilise les tracts et les SMS.

Afrik.com : Comment financez-vous votre campagne ?

Brahim Djahlat :
Hélas, de ma propre poche ! Je travaille à mon compte et puis les frais de campagnes sont remboursés si on passe la barre des 5%. De toute façon, l’argent ça va, ça vient !

Afrik.com : Quel message espérez-vous faire passer en vous présentant ?

Brahim Djahlat :
Le but de cette candidature est de faire passer un message aux élus et aux habitants. Aux élus pour les inciter à être davantage à l’écoute des gens s’ils ne veulent pas perdre « leur mairie » (au profit de la droite, par exemple), et aux habitants pour leur faire comprendre que, s’ils veulent du changement, ça ne tient qu’à eux. Pour cela il faut s’impliquer, se battre et se faire entendre parce que rester dans son petit coin pour se lamenter sur son sort ne sert à rien.

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