Filtrer de l’eau en pédalant


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Conçu par Ideo, une société implantée en Californie, Aquaduct est un tricycle qui filtre l’eau pendant qu’on pédale. Près de 20 pour cent de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable, ce qui, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), signifie que 1,6 million de personnes meurent chaque année de maladies hydriques. Une équipe californienne a trouvé une solution qui pourrait résoudre le problème : un tricycle qui filtre l’eau pendant qu’on pédale.

Conçu par Ideo, une société implantée à Paolo Alto, l’Aquaduct est un vélo équipé d’un réservoir d’eau qui utilise l’énergie fournie en pédalant pour filtrer l’eau dans un petit récipient – et produire ainsi huit litres d’eau potable.

Le concept n’est encore qu’au stade de développement ; il a été mis au point pour le concours Innovate or Die organisé par plusieurs sociétés dont Google, l’entreprise à l’origine du moteur de recherche du même nom.

L’équipe Ideo a remporté le concours, mais comme l’a fait remarquer Paul Silberschatz, un des membres de l’équipe, il y a encore beaucoup à faire pour que le vélo soit commercialement rentable.

« Nous l’avons essentiellement conçu pour le concours ; nous avons pris certaines libertés dans la conception du prototype », a-t-il affirmé. L’équipe consulte encore des experts pour connaître les contraintes à respecter en termes de réparations, d’entretien et de coût, pour que le vélo soit rentable dans les pays en voie de développement.

Près de 5 000 enfants meurent chaque jour de maladies hydriques – de diarrhée généralement – qui pourraient être soignées facilement. Les heures consacrées par les jeunes filles à la corvée de l’eau – une tâche dont elles ont la charge – expliquent qu’elles soient souvent peu voire pas du tout instruites.

« C’est un appareil très ingénieux : il vous emmène là où est l’eau et la filtre en avançant. Il a donc une double fonction, mais je pense que lorsqu’on se place à une plus grande échelle, on peut se demander combien de personnes peuvent accéder à ce type de mécanisme », s’est demandée Sarah Dobsevage, responsable des programmes de développement chez Wateraid USA.

« Ce ne sera probablement pas une solution efficace pour les plus pauvres des pauvres, qui vivent avec moins d’un dollar par jour, en raison du coût très prohibitif du vélo. De même, il faut prendre en considération les matériaux utilisés pour sa fabrication et se demander s’il est fabriqué à partir de matériaux disponibles localement, afin qu’une communauté ou un individu puisse le fabriquer et le réparer lui-même, ou s’il ne peut être produit qu’en Occident ».

Selon John Lai, le concepteur d’Ideo, le vélo en l’état n’est pas rentable d’un point de vue commercial, mais la société compte exploiter l’idée.

« L’Aquaduct est réellement un concept et nous pensons qu’il pourrait constituer une piste intéressante à explorer pour créer un produit capable de répondre aux mêmes besoins. Nous utiliserons peut-être des technologies très différentes pour adapter les prix au type de population que nous voulons aider », a-t-il dit.

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