Violences urbaines : les « expliquer » serait les « excuser », selon Sarkozy


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Drapeau de la France
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Nicolas Sarkozy ne veut plus entendre que les violences survenues en début de semaine, dans la banlieue parisienne de Villiers-le-Bel, ont des causes sociales. Chercher à « expliquer l’inexplicable », c’est « excuser l’inexcusable», assure-t-il. Aux autres habitants des quartiers populaires, victimes d’un « malaise social » dû à une « immigration non maîtrisée » et à la création de « ghettos », il promet une « politique d’immigration choisie » et des « mesures spécifiques ».

L’une des premières leçons inculquée à leurs élèves par les professeurs d’histoire, lorsqu’ils abordent à l’université la difficile question du génocide, c’est que tenter d’expliquer ce fait inconcevable, pour les personnes mêmes qui en ont été victimes, n’est pas le justifier. De même qu’« expliquer le terrorisme n’est pas le légitimer », comme l’écrit Pascal Boniface, le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, dans l’un de ses derniers ouvrages. Cette vérité scientifique, Nicolas Sarkozy se refuse de l’appliquer en politique.

Le chef de l’Etat français s’est exprimé à la télévision, jeudi soir, notamment sur les violences urbaines qui ont frappé la commune de Villiers-le-Bel dans les nuits de dimanche et lundi dernier. Les forces de l’ordre avaient été prises pour cibles par de jeunes émeutiers qui n’ont pas hésité à faire usage d’armes à feu – plomb pour l’essentiel – faisant 82 blessés, dont un officier qui a perdu un œil. Comment expliquer ces actes, de plus en plus graves, de la part d’adolescents qui n’ont parfois pas quatorze ans, afin qu’ils ne se reproduisent plus ?

« Il y a des comportements inexcusables, qui sont donc inexplicables »

Pourquoi les expliquer ? répond le chef de l’Etat. « Quand un hélicoptère a survolé certains quartiers, il a vu qu’on avait préparé des parpaings, des munitions pour les jeter sur les forces de l’ordre. Qu’est ce que ça a à voir avec le malaise social ? demande-t-il. Il y a des comportements inexcusables, qui sont donc inexplicables. Quand on veut expliquer l’inexplicable, c’est qu’on s’apprête à excuser l’inexcusable. » Le président de la République ne nie pas qu’il puisse exister un « malaise social » dans les quartiers populaires français. Mais il refuse d’en faire l’une des causes de la violence des émeutiers, comme la directrice de la rédaction de France 2, Arlette Chabot, le lui suggère en l’interrogeant.

« Ce qui s’est passé n’a rien à voir avec la crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie », avait-il déjà expliqué dans l’après-midi, au ministère de la Défense, en évoquant des « voyous déstructurés ». A la télévision, il a continué d’adresser des messages à son électorat, à travers des vérités qu’il serait faire injure à son intelligence de prendre pour argent comptant. « Je ne vois pas en quoi lyncher un commissaire, ça amène en quoi que ce soit à améliorer la situation sociale », ou encore « tous les chômeurs ne tirent pas sur les policiers ou les gendarmes ».

Le « malaise social » ? : la faute à une immigration non maîtrisée

Aux émeutiers, le chef de l’Etat promet la plus grande sévérité, quand personne ne lui réclame la clémence. « Pour le reste, explique-t-il, il y a un malaise social. Il y a une immigration qui pendant des années n’a pas été maîtrisée, des ghettos qui ont été créés, des personnes qui ne se sont pas intégrées. C’est la raison pour laquelle le gouvernement met en œuvre (…) une politique d’immigration choisie ». Pour ceux « qui veulent s’en sortir » dans ces quartiers et qui constituent « l’immense majorité », Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la Ville, préparerait également des « mesures spécifiques ».

« Halte à la glandouille, comme elle l’a dit…?», précise Arlette Chabot. « On ne peut pas s’en sortir si on reste couché jusqu’à midi (…), si on ne va pas à l’école (…), si on n’a pas une formation, abonde Nicolas Sarkozy. Et on ne peut pas s’en sortir si on n’a pas la volonté d’exercer un travail. C’est ça la société française. » Une nouvelle leçon aux migrants et aux enfants d’immigrés, après celle donnée durant la campagne présidentielle d’avril dernier. Le candidat Sarkozy avait alors expliqué qu’en France, « on n’est pas polygame, on ne pratique pas l’excision sur ses filles [et] on n’égorge pas le mouton dans son appartement ».

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