France: L’islam s’installe dans les présidentielles


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Un début de polémique pointe autour du rapport du politique à la religion. Derrière cette énième poussée de fièvre électorale, un livre comme il en sort beaucoup à la veille de chaque élection. Les inquiétantes ruptures de M. Sarkozy se livre à un procès en règle du candidat de l’UMP. Rien dans ce qu’il a entrepris comme ministre ou ce qu’il compte faire à partir de l’Elysée n’échappe à la charge au lance-flammes. A commencer par sa démarche dans le registre de l’islam en qualité de ministre chargé des cultes.

Sur le terrain de l’islam, dans Les inquiétantes ruptures de M. Sarkozy, le bilan du ministre de l’intérieur est « lourd de menaces pour l’avenir » de la France.

On attendait l’immigration, c’est l’islam qui serait en passe de surgir dans le débat électoral français. A l’heure où la campagne présidentielle prend sa vitesse de croisière, Eric Besson sous la direction duquel Les inquiétantes ruptures de M. Sarkozy a été rédigé n’est pas du tout tendre avec le candidat. Membre de la direction du Parti socialiste, il l’accuse d’avoir « intronisé » l’Union des organisations islamiques de France (UOIF réputée proches des Frères musulmans), « pactisé » avec les islamistes et « favorisé l’ascension médiatique de Tarik Ramadhan ».

Dans ce long discours d’investiture, dimanche dernier, devant les militants de l’UMP, Nicolas Sarkozy s’était félicité d’avoir réussi à organiser l’islam, là où tant de ministres «ont échoué depuis vingt ans». Eric Besson ne l’entend pas de cette oreille. Inscrit par le ministre au crédit de son bilan, le Conseil français du culte musulman (CFCM) est loin d’être une réussite. « Coordination fantoche », rétorque Eric Besson.

Loin d’être la première de ce ton, cette charge aurait pu passer comme un simple point de vue, un parmi ceux, nombreux, qui émaillent déjà le débat électoral. Seul détail – et il n’est pas banal -, son auteur n’est autre que le secrétaire national à l’économie au sein du PS, un des proches de François Hollande, le patron du parti. Plus que la qualité de son signataire, le document, 92 pages à l’encre vitriolée, s’affiche, en bonne place, sur le site officiel du PS. Un détail qui accrédite l’impression d’une prise de position partisane, celle de la direction du PS.

Le CFCM contre-attaque

Au CFCM, la référence à une « coordination fantoche » a fait mouche, obligeant l’instance présidée par Dalil Boubekeur à faire irruption dans le débat électoral. Pour la première fois depuis la rentée politique et le début de la pré-campagne. La teneur de la publication du PS y suscite des appréhensions. Les composantes du Conseil ne cachent pas leurs craintes devant «l’utilisation politicienne et électoraliste» des débats sur l’islam. Interrogé par un quotidien parisien, Kamel Kebtane, membre du CFCM et recteur de la Mosquée de Lyon, ne cache pas son irritation. « Il est aujourd’hui de bon ton de parler de l’islam de manière négative et de prétendre que le CFCM a été mis en place pour encourager le communautarisme », se plaint-il au journal Le Monde.

Président du CFCM et recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubekeur constate que le commentaire du PS sur un glissement intégriste de son instance a un air de déjà entendu. « On constate une convergence pour faire apparaître l’islam de France comme inféodé aux fondamentalistes. Cela a commencé avec les écrits de Philippe de Villiers », allusion à son ouvrage « Les Mosquées de Roissy ». Une telle perception de l’organisation de l’islam se fait jour « au moment même où nos jeunes s’inscrivent massivement sur les listes électorales, traduisant un désir d’affirmer qu’ils sont français à part entière ».

Estimant cette évolution suffisamment inquiétante, les composantes du CFCM veulent agir. La presse croit savoir qu’ils souhaitent rencontrer les candidats au scrutin d’avril-mai pour leur demander de laisser l’islam « hors » de la joute présidentielle. Ils semblent d’autant plus décidés que, selon des informations, François Hollande et François Bayrou, candidat de l’UDF à la l’Elysée, sont cités comme témoins par la défense de Charlie Hebdo dans le procès qui l’oppose à la Mosquée de Paris et à l’UOIF au sujet des caricatures danoises.

En février 2006, le journal satirique avait repris, en pleine polémique, les caricatures danoises. La Mosquée de Paris et l’UOIF, deux des trois composantes du CFCM, avaient attaqué l’hebdomadaire pour « injure publique à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur religion ». Dalil Boubekeur redoute que la présence de Hollande et Bayrou au tribunal ne fasse « entrer dans la campagne électorale un thème qui n’a pas lieu d’y être ».

Par S. Raouf, pour Le Quotidien d’Oran

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