RDC : Campagne de deuxième tour à haut risque


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Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba lancent vendredi leur campagne électorale pour le deuxième tour des présidentielles en République démocratique du Congo, prévu le 29 octobre prochain. Les deux camps ont étoffé leurs coalitions, pendant que l’Onu et des personnalités civiles ont sensibilisé la population afin que les résultats soient acceptés sans violence. Des affrontements entre les partisans des deux candidats avaient fait 23 morts à l’issue du premier tour.

Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba ont deux semaines pour convaincre. Les deux candidats vainqueurs du premier tour des élections présidentielles en République démocratique du Congo démarrent la campagne du deuxième tour ce vendredi 13. Le 29 octobre prochain, 25 millions d’électeurs congolais (RDC) seront appelés à élire leur nouveau président pour la première fois depuis quarante ans. « Le hasard, commente Le Potentiel, a voulu que cette date, le vendredi 13], soit retenue pour amener les Congolais à conjurer le mal, à exorciser le démon de l’intolérance, de l’instabilité et de la désunion ». Joseph Kabila, le président sortant, crédité de 44,8 % des voix au premier tour, affronte le 29 octobre prochain son vice-président, Jean Pierre Bemba, qui a attiré 20 % d’électeurs à lui. Le 20 août, alors que les résultats commençaient à peine à tomber, leurs fidèles se sont affrontés à l’arme lourde dans Kinshasa, faisant officiellement 23 morts. Ce n’est que trois jours plus tard que les deux candidats ont signé un [accord, sous la pression de la communauté internationale, visant à cantonner leurs troupes hors de la capitale congolaise.

Dans cette atmosphère, d’importants efforts sont déployés pour éviter tout nouveau débordement. Le 7 octobre dernier, la Commission électorale indépendante/Bas Congo a lancé en coordination avec la Monuc (Mission de l’Onu en RDC) une campagne de sensibilisation pour « l’acceptation pacifique des résultats ». Leur message était particulièrement destiné aux media, mais n’a pas toujours été écouté, à en croire par le travail abattu par la Haute autorité des média (HAM, RDC). Les évêques de RDC ont quant à eux appelé les deux ex-belligérants candidats à « donner la preuve de leur engagement à se débarrasser des milices armées ». Ils se souviennent qu’avant la transition politique, démarrée en 2002, et dont les élections sont l’aboutissement, les troupes de Joseph Kabila et de ses quatre vice-présidents se faisaient la guerre dans tout le pays.

Face à face télévisé le 26 octobre

Côté politique, le président sortant, au sein de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP), semble avoir levé la plus importante coalition. Le jeune chef de l’Etat a réussi un « coup », au début du mois, en s’assurant le soutien d’Antoine Gizenga Fundji, le vieil opposant du Parti lumumbiste (Palu), arrivé troisième au premier tour avec 13 % des scrutins. Celui qu’on appelle le Patriarche pourrait devenir le premier ministre de Joseph Kabila s’il était élu. En plus des voix du Palu, le président sortant peut virtuellement compter sur les 4,77 % de votes obtenus par Nzanga Mobutu, le fils de l’ancien dictateur, arrivé quatrième au premier tour.

De son côté, le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC) a formé l’Union pour la Nation, au début du mois, dans laquelle il a attiré une quinzaine de candidats à petits scores (0,2 à 1%). Mais son vrai pari consiste à amener l’électorat de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) à voter pour lui. Son président, Etienne Tshisekedi, fidèle à sa politique de boycott et d’ignorance du scrutin, a officiellement déclaré que son parti ne soutiendrait aucun candidat au second tour des présidentielles. Mais de nombreux pontes du parti historique se sont prononcés récemment pour un soutien à Jean Pierre Bemba.

Mardi, la Haute autorité des médias a annoncé que les deux candidats allaient se faire face, le 26 octobre prochain, lors d’un débat télévisé de 120 minutes. Les présidentielles du 29 octobre sont couplées à des élections provinciales dont la campagne a commencé depuis deux semaines. Les élections vont se dérouler sous la surveillance de 80 000 policiers congolais et 1 200 soldats de l’Eufor (Force européenne) déployés à Kinshasa. 45 000 observateurs nationaux et 1 500 nationaux seront chargés de veiller à leur régularité.

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