Mandela, le faiseur de miracles


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Nelson Mandela
Nelson Mandela

On la croyait morte et enterrée, cette paix d’Arusha, tentant de mettre un terme à une atroce guerre civile au Burundi. Assassinée par trois petits partis extrémistes de la minorité tutsie qui refusaient de la parapher au désespoir du médiateur Nelson Mandela et de Bill Clinton himself.

Si même les ailes protectrices du grand aigle yankee ne parvenaient pas à sauver le processus de paix, quel faiseur de miracles allait décider les jusqu’au-boutistes à signer un tel accord ?

Le principal reproche fait à cette paix est qu’elle n’a pas donné de véritables garanties satisfaisantes aux deux parties sur ce que chacune estimait essentiel. Pour les Tutsis, l’assurance que le spectre d’un génocide « à la rwandaise » ne planerait plus jamais sur le Burundi. Pour les Hutus, la certitude d’une issue démocratique qui amènerait l’ethnie majoritaire aux affaires.

Pire, en imposant au président Buyoya des concessions mal vécues par son camp et en légitimant les Hutus partisans de la lutte armée contre un régime homogène sur un plan ethnique, le tandem Clinton-Mandela n’aurait réussi qu’à déstabiliser davantage le pays.

Les faits sur le terrain donnaient raison aux analystes les plus pessimistes. En un mois, les combats et exécutions sommaires sont allées crescendo au fur et à mesure qu’avançaient les négociations, faisant plus de 800 morts.

Et puis, il y eu un miracle. Le miracle Mandela. L’homme a constamment maintenu la pression, faisant tantôt preuve de souplesse, tantôt haussant le ton si les circonstances l’exigeaient. Il s’est battu pour élargir le soutien international au processus, comme le prouve le plan français de reconstruction du Burundi. En chaque occasion l’ancien président d’Afrique du Sud a su éviter les pieges de la realpolitik et de l’angélisme, pour ne montrer qu’un seul visage, celui de la détermination. Le 20 de ce mois, à Nairobi « 19 partis politiques, 19 parties prenantes » signeront un cessez le feu, a commenté sobrement le médiateur après que trois nouveaux partis tutsis se soient ralliés à son projet. Chapeau bas.

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