Algérie : Bouteflika et son gouvernement reprennent la main sur les oligarques


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Le temps n’est plus au beau fixe en Algérie pour les puissants hommes d’affaires qui s’étaient enrichis ces dernières années dans le giron du pouvoir présidentiel. Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, multiplie les attaques contre les oligarques algériens et le premier à en faire les frais est Ali Haddad, le président du Forum des Chefs d’Entreprises (FCE), qui vient d’être lâché par la puissante Union générale des travailleurs algériens (UGTA).

Longtemps intouchables, bénéficiant de crédits illimités et d’avantages multiples pour développer leurs projets, de nombreux hommes d’affaires algériens sont aujourd’hui sur la sellette. Le premier ministre, Abdelmadjid Tebboune a expliqué qu’il ne s’agit pas d’un règlement de compte, mais « d’une volonté de lutter contre l’immixtion de l’argent dans la politique« , mais en off les choses sont dites plus clairement : « Il faut qu’ils payent et rendent des comptes. Nous avons des dossiers bien ficelés. Ils ont transféré de l’argent à l’étranger. Nous avons la liste des biens achetés en France, en Espagne et ailleurs.

Ces patrons d’entreprise, qui pour la plupart sont des des membres du Forum des Chefs d’Entreprises et des affiliés d’Ali Haddad, le président du FCE, sont soupçonnés par le gouvernement d’avoir siphonné les deniers publics. Et les menaces à leur encontre sont crédibles car le Premier ministre assure bénéficier sur ce dossier du soutien de Bouteflika.

Certains, cependant, doutent que la mission de salubrité publique soit la seule motivation de ce grand nettoyage, une fois encore la campagne de 2019 est dans toutes les pensées et ces patrons sont soupçonnés aussi d’avoir tenté de s’émanciper du premier cercle du pouvoir. Pouvoir qui jusque alors avait toléré et même favorisé leur développement.

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Mais quelles que soient les arrières pensées politiques, il est de notoriété publique que plusieurs pays se sont plaint des difficultés de faire avancer certains projets en raison du manque d’investissement, au sens propre comme au figuré, d’un certains nombre de patrons algériens.

C’est d’abord la Chine qui se serait officiellement plainte, à travers son Ambassadeur, dans le cadre du méga-projet du port de Cherchell, de la place que souhaitait prendre Ali Haddad alors que deux compagnies chinoises avaient été sélectionnées pour prendre en charge tous les travaux. Après la Chine, c’est autour de la France de se plaindre rapporte Mondafrique « Le projet Peugeot a capoté en raison de la mollesse de la famille Benhamadi et leur manque d’implication. Axa Assurances a été torpillé à maintes reprises par ses concurrents privés algériens. Les banques françaises subissent un acharnement médiatique financé par des entrepreneurs algériens à chaque fois qu’elles s’aventurent à leur refuser des crédits bancaires.

Le gouvernement qui vient de siffler la fin du jeu devrait maintenant lancer des mises en demeure contre les entreprises qui n’arrivent pas à achever les chantiers qui leur sont confiés. Et si la logique va au bout, il devrait y avoir des poursuites.

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