Afrique du Sud : Desmond Tutu contre l’ANC


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L’archevêque sud-africain et prix Nobel de la paix, Desmond Tutu, a déclaré, ce mercredi, qu’il ne voterait plus pour le parti au pouvoir, l’African national congress (ANC). C’était lors d’une conférence de presse à la cathédrale anglicane du Cap, au sud du pays.

Lui qui avait déjà déclaré qu’il ne voterait plus pour le parti au pouvoir, l’ANC, a encouragé les Sud-Africains à faire de même, ce mercredi. « Ne votez pas comme des moutons ! », a déclaré l’archevêque Desmond Tutu, lors d’une conférence de presse au Cap, dans le sud du pays. Il a exprimé toute sa déception envers ses anciens camarades de lutte.

« Nous rêvions d’une société où les gens sentent que leur opinion compte »

Desmond Tutu, actuellement à la retraite, s’est beaucoup engagé dans la lutte contre l’apartheid. Il devient, en 1995, président de la Commission vérité et réconciliation, créée par Nelson Mandela. « Nous avons une chose précieuse : le droit de vote. Réfléchissez à ce que vous voulez en faire. Utilisez votre droit de vote. Réfléchissez, réfléchissez, réfléchissez ! », a répété l’archevêque sud-africain, à deux semaines des élections du 7 mai prochain.

Desmond Tutu, âgé de 82 ans, ne dit néanmoins pas quel parti va obtenir la faveur de son vote. « Nous rêvions d’une société où les gens sentent que leur opinion compte, une société compassionnelle. Ça ne peut être une société où les enfants vont se coucher le ventre creux », a-t-il clamé dans un pays où le quart des Sud-Africains ne mangent pas à leur faim.

Et il insiste : « personne ne devrait aller se coucher le ventre creux, c’est une honte. Nous ne devrions pas lire d’histoire d’enfants qui tombent dans un trou d’aisance, c’est une honte ». En janvier, un jeune garçon est mort après être tombé dans les latrines très sommaires de son école. 

« S’il savait ce qui se passe, il en pleurerait »

Il y a un an, ce prix Nobel de la paix 1984 avait déjà dénoncé toute l’étendue de la pauvreté en Afrique du Sud, prenant à témoin Nelson Mandela, son ami. « S’il savait ce qui se passe, il en pleurerait. C’est totalement inacceptable! », déclarait-il alors. En évoquant les dirigeants actuels de l’ANC, il ajoute qu’« il a des gens bien, il y a des gens médiocres ». Sans citer de nom, sa critique, notamment envers le président de la République, Jacob Zuma, l’actuel chef de l’ANC, se durcit.

« Nous devons admettre qu’ils ne sont pas très nombreux, les successeurs de ces leaders (historiques du mouvement) qui leur arrivent à la cheville. Mais leurs chevilles étaient hautes ! », critique l’archevêque. « Je n’ai jamais appartenu à aucun parti. J’ai pensé soutenir un parti aussi proche que possible des choses que j’aimerais voir », a indiqué l’ecclésiastique anglican.

Il finit alors par une note d’espoir, comme pour se convaincre de la réussite des combats qui ont été menés. « Nous avons fait des choses remarquables. (…) Quand vous vous rappelez d’où nous venons ! On nous disait que les enfants de races différentes ne pouvaient pas aller dans la même école », rappelle-t-il. « Le fait que nous fêtons vingt ans de liberté, c’est une sacrée réussite. C’est quelque chose dont nous devons tous être fiers, nous les Sud-Africains », selon Desmond Tutu.

Et il conclut : « la liberté n’est pas quelque chose qui va de soi. (…) Regardez ce qui se passe en Russie, en Ukraine, en Syrie… ».

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