Adama Paris : « Dieu aime la mode ! »


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La Black Washion Week, créée par la styliste sénégalaise de mode Adama Paris, débarque à Montréal du 15 au 17 mai. De multiples designers provenant de tous les horizons présenteront leurs plus belles collections. Entretien avec Adama Paris, alias Adama Ndiaye, un petit bout de femme qui rêve qu’un jour Français, Américains, Béninois, Sénégalais, Chinois… défilent tous sur un même podium.

Afrik.com : Pourquoi avez-vous choisi la ville de Montréal pour faire la Black Fashion Week? Quelle sera la spécificité de ce défilé?

Adama Paris :
Il n’y a pas de spécificité particulière à ce défilé. Je pense que c’est la ville de Montréal qui fera la spécificité de l’événement. Des designers issus de différents horizons pourront montrer leurs créations. Nous avons choisi la ville de Montréal parce que c’est un bon compromis entre le monde francophone et anglophone. C’est une ville où l’on parle français et anglais. Pour nous, il était logique de passer d’abord par Montréal avant de conquérir le monde anglophone et des villes comme New York, où nous comptons organiser un défilé en 2014. Nous voulons nous ouvrir à plein d’autres villes. Les designers viennent de tous les horizons, d’Egypte, du Bénin, de Mongolie, du Sénégal, de Haïti. L’objectif est aussi de permettre à toux ceux qui veulent s’ouvrir au marché québécois de présenter leurs collections.

Afrik.com : Vous allez effectuer le défilé à l’église Saint James, au cœur de Montréal. L’Eglise est un lieu particulier pour un défilé de mode. Pourquoi ce choix ?

Adama Paris :
Nous avons choisi cette magnifique église pour prôner l’ouverture et la tolérance. Dieu aime la mode et les belles choses, par conséquent tout ce qui est beau doit être mis en avant. Ce défilé sera un moment de partage, de bonheur, où la beauté sera célébrée au grand jour. Le monde de la mode reste encore très fermé aux designers issus de d’autres horizons et mannequins noires. L’objectif est de les mettre en lumière et promouvoir, car c’est triste à dire mais le monde de la mode reste encore très caucasien.

Afrik.com : Quels sont les types de collections qui seront présentés lors de cet évènement?

Adama Paris :
Les créations présentées seront très rares, pour certaines il n’y aura que des pièces uniques. L’objectif est de mettre en avant la haute couture avec des choses très élaborées. On veut mettre en avant une mode qui peut s’exporter et se vendre en Europe. C’est d’ailleurs pour cela que je n’aime pas qu’on dise que le concept de la Black Fashion week est sectaire. Ce n’est pas vrai du tout. Dans la Black Fashion week, même si on utilise le terme de black, il y a des designers du monde entier qui viennent défiler pour proposer des créations que les acheteurs peuvent acheter et mettre sur le marché. Ce n’est pas du tout un évènement communautaire. On a des acheteurs d’ailleurs qui viennent de Belgique par exemple et qui espèrent trouver des choses rares qu’ils ne verront pas dans des défilés classiques.

Afrik.com : Quel est votre objectif à travers cet événement?

Adama Paris :
Notre objectif est vraiment de démocratiser le milieu de la mode pour enfin voir défiler dans toutes les villes du monde, des Chinois, des Français, des Sénégalais, des Béninois, des Américains… ensemble sur un même podium. C’est mon rêve le plus cher. Aujourd’hui, il est encore très rare de voir des jeunes créateurs issus de divers horizons défiler dans de grands défilés tels que ceux organisés à Paris, où il y a très peu de place. Les défilés haute couture sont très rares à Paris contrairement à d’autres villes comme Londres ou New York. Les places sont très chères.

Afrik.com : Quels seront les tendances de cet été?

Adama Paris :
Le blanc sera la couleur de l’été cette année. Il y aura quelques couleurs comme tous les ans durant l’été, mais le blanc sera vraiment la couleur tendance de cette saison . C’est une couleur très classe, très raffiné, qui ravira beaucoup de monde.

Afrik.com : Comme chaque année vous allez à nouveau organiser la Black Fashion Week à Dakar. Quelles surprises réservez-vous aux adeptes du concept cette année?

Adama Paris :
Cette année, il y aura de nouveaux designers. Il y en a qui viendront de Mongolie, du Brésil, d’Amsterdam, du Sri-Lanka. De plus en plus de designers souhaitent participer à la Balck fashion week pour s’ouvrir à d’autres regards.

Afrik.com : Est-ce que vous changerez le nom de la Black Fashion puisqu’il y a des designers venus du monde entier ?

Adama Paris :
Non je ne le changerai pas. Les designers qui viennent proposer leurs créations ne font pas attention à cela. Ils vont au délà du mot Black. Le nom importe peu. L’important c’est que les designers sont très heureux de participer à cet évènement qui leur ouvre des portes. La Black Fashion week est là pour fédérer les designers issus de différents horizons.

Afrik.com : La mode africaine est longtemps restée dans l’ombre. Selon-vous aujourd’hui est-elle mieux exportée à l’international?

Adama Paris :
Elle s’exporte beaucoup mieux. Sinon la preuve on ne serait pas là en train d’en parler. Elle vit par des événements comme la Black Fashion week, les magazines féminins, par certains designers qui osent la mettre en avant. Il y a beaucoup plus d’évènements liés à la mode africaine maintenant qu’il y a cinq ans, donc forcément tout cela crée une visibilité qui nous manquait auparavant. Il y a une vrai dynamique. L’exemple du pagne est parlant. C’est un vêtement qui est rentré dans les moeurs, ce qui n’était pas le cas avant. La mode ethnique s’est beaucoup démocratisée.

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